Samedi 12 Avril 2025
Terre de Vins n°106
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Date
11.04.2025
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A table, le boomer et le hipster seraient irréconciliables. Quand le premier ne jure que par le protocole, le second ne consent qu’à sortir des sentiers battus. Or, le traditionnel déjeuner dominical est incompatible avec le brunch déstructuré. Dans les verres, la bataille fait également rage entre tradition et innovation, entre vin statutaire (les étiquettes !) et pépites improbables. Deux visions du vin s’affrontent et pourtant, dans ce numéro 106 de Terre de Vins, nous tentons un rapprochement !
Avec le déclin de la consommation de vin vient la fin de la gastronomie et d'un certain art de vivre... Pour se prémunir de cette funeste issue, la Rédaction de Terre de Vins entre en résistance (le patrimoine viticole n'a pas encore dit son dernier mot !), tout en gageant qu'il faut aussi s'adapter aux demandes du marché pour séduire une nouvelle clientèle.
La dimension patrimoniale du vignoble vaut la peine de se donner les moyens de résister. Le Château Philippe le Hardi à Santenay, au sud de la Côte d'Or, avec son toit de tuiles vernissées en témoigne. Les amoureux de vieille pierre ne s'y tromperont pas, tant le reportage d'Yves Tesson s'orne de belles photographies. En outre, le terroir représente un ancrage qui vaut la peine d'être partagé, c'est la philosophie qui anime Elian Da Ros et Sandrine Farrugia, un couple qui cultive la vigne et l'humanité en Côtes du Marmandais. Mathieu Doumenge est allé à leur rencontre. Quant à l'épreuve du temps, c'est Pauline Gonnet qui évoque le mieux le moyen de lui résister, en jouant collectif. Elle relate les "Destinées conjointes" du Château des Jacques et de l'appellation Moulin-à-Vents. Enfin, sur le divin, Sylvie Tonnaire questionne un membre d'une famille de résistants, Roman Guibert du Mas de Daumas Gassac.
Préserver l'authenticité nécessite parfois de s'adapter ! Ce paradoxe, se lit dans le témoignage des cavistes interrogés par Laura Bernaulte et dans la trajectoire d'une famille, les Bougrier, installés dans la Loire depuis 1885. Lucie de Azcarate revient, dans une saga qui leur est consacrée, sur l'ambition qui les anime depuis des décennies de produire des vins accessibles. Quant à notre journaliste Julia Bouchet, aucune tendance ne lui échappe : ni les nouveaux contenants, la dégustation de vins en canette convertira peut-être quelques lecteurs, ni le pinot noir d'Alsace dont la popularité ne cesse de croître.
Comment concilier la tendance du low alcool avec un savoir-faire séculaire ? Mathieu Doumenge et Yves Tesson explorent ensembles "les voies naturelles du bas alcool". Dans cet article, vous ne trouverez pas de recette miracle, mais sans doute une piste raisonnable vers un terrain d'entente entre les générations et pour apprivoiser les effets du réchauffement climatique sur les degrés potentiels.
Bien sûr, les épicuriens retrouveront une belle sélection de rouges légers et d'autres paradoxes, cette fois gustatifs. Avec la complicité de Philippe Mille, qui vient d'ouvrir son restaurant Arbane à Reims, Yves Tesson a déniché de beaux côteaux champenois. De quoi réconcilier hipster et boomer, un pinot noir de Bouzy, c'est à la fois une référence et un vin rouge léger...
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