Jeudi 19 Décembre 2024
Véronique Blin, présidente de Nicolas Feuillatte.
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Date
21.12.2020
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Est-ce le début des grandes manœuvres en Champagne ? Les Conseils d’administration du Centre Vinicole – Champagne Nicolas Feuillatte et de la Coopérative Régionale des Vins de Champagne – Champagne Castelnau ont annoncé vendredi dernier l’engagement d’un processus de rapprochement. L’objectif ? Renforcer leur capacité à se projeter à l’international.
C’est une modification majeure dans les grands équilibres géopolitiques de la Champagne qui vient d’être annoncée vendredi dernier : le rapprochement entre deux géants de la coopération, la Coopérative régionale des vins de Champagne (CRVC), propriétaire de la marque Castelnau et le Centre Vinicole – Champagne Nicolas Feuillatte propriétaire de la marque Nicolas Feuillatte (CV-CNF).
Le CV-CNF, installé à Chouilly près d’Épernay, représente 2100 hectares d’approvisionnements et 5000 vignerons adhérents. Il possède la troisième marque de champagne la plus vendue derrière Moët & Chandon et Veuve Clicquot, avec des expéditions qui ont battu des records en 2019 pour atteindre 11,2 millions de cols (+8%) ! Très présent historiquement dans la grande distribution où son champagne occupe à lui seul 14% du marché français (Source Rayon Boisson), depuis quelques années le CV-CNF est aussi de plus en plus actif auprès des cavistes et des HCR (Hôtels Cafés Restaurants) pour lesquels Nicolas Feuillatte a développé une gamme spéciale avec des assemblages et des durées de vieillissement différents. Cette union de coopératives s’est enfin distinguée récemment en rachetant une des plus anciennes maisons de champagne : la maison Henri Abelé, bien placée dans le secteur de la gastronomie.
De son côté, la CRVC peut compter sur un domaine d’approvisionnement de 800 hectares exploité par 750 vignerons (en léger recul depuis 2014 où il s’étendait sur 900 hectares répartis entre 785 vignerons). Installée à Reims, où elle dispose d’un site de production de 55.000 m2 sur 5,5 hectares juste à proximité du centre-ville, son outil industriel a un potentiel de production de 13 millions de cols et une capacité de stockage de 29 millions de bouteilles.
Elle possède la marque Castelnau rachetée en 2003, qui expédiait en 2016 800.000 bouteilles pour une clientèle composée principalement de cavistes et de restaurateurs (Source les Echos). Elle a construit sa réputation sur des longs vieillissements en cave, et a su rajeunir récemment sa plateforme de marque : suppression de la particule, des armoiries, de la coiffe dorée, adoption d’un style plus sobre, lancement de la cuvée spéciale « Hors Catégorie »…
La fusion devrait être validée par des assemblées générales extraordinaires au mois de juin. À en croire le communiqué de presse, le rapprochement des deux unions de coopératives devrait permettre de créer « de nouvelles dynamiques », en particulier « pour le développement de leurs marques à l’international ». Avec 2900 hectares d’approvisionnement soit près de 9% de l’appellation plantée, il est certain que ce nouvel acteur devrait avoir une belle force de frappe et pourrait, qui sait, devenir un jour un véritable challenger pour le groupe LVMH en Champagne, même si la suprématie de celui-ci avec ses 65,9 millions de bouteilles vendues en 2019 reste pour l’instant bien assise.
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