Jeudi 26 Décembre 2024
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28.11.2011
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Avec le directeur Stephen Carrier à la baguette, le château de Fieuzal, cru classé des Graves, a mené de très gros travaux. Découverte d’un outil de production tout neuf.
Lochlann Quinn n’est pas un homme superstitieux. Dimanche dernier, il était assis à la table n°13. Au contraire, un porte-bonheur. Autour de lui, 260 invités pour la traditionnelle soirée des Accabailles, celle où les seize crus classés des Graves fêtent la fin des vendanges en compagnie, notamment, de gérants de Relais & Châteaux venus du monde entier.
Celui qui est propriétaire du château de Fieuzal (AOC Pessac Léognan) depuis dix ans, était aux anges. Après deux ans d’énormes travaux, c’était la première réception d’envergure chez lui. « Je remercie Stephen Carrier de m’avoir convaincu de mener ce chantier » a déclaré cet Irlandais de 70 ans, entouré de son épouse et de leurs 6 enfants. Comme soulagé du résultat obtenu dans un secteur professionnel qui n’est pas le sien.
Capitaine d’industrie
Originaire de Belfast, Lochlann Quinn, qui vient environ tous les trimestres à Fieuzal, a fait fortune dans l’industrie, l’immobilier puis la finance. Il est actuellement président de la compagnie d’électricité irlandaise (ESB) et de la National Gallery de Dublin. À Fieuzal, il a donné à plusieurs cuves en ciment le nom de ses petits-enfants…
C’est là, dans les installations techniques, que se trouve le terrain de jeu du Champenois Stephen Carrier qui dirige depuis 2007 cette vaste propriété de 70 ha de rouge et 10 de blanc. « Aucun investissement n’avait été mené ici depuis 2001. Nous disposons maintenant d’un superbe outil qui nous permettra de faire davantage de premier vin. C’est aujourd’hui 45 % des volumes (l’Abeille de Fieuzal, le second vin, étant donc à 55 %) ; l’objectif est à 60 % » explique celui qui a travaillé dans le Médoc (château Lynch-Bages) et en Californie. C’est d’ailleurs à Miami (Floride) qu’il rencontra l’homme d’affaire irlandais qui l’a donc recruté dans cette région des Graves, à 20 km au sud de Bordeaux.
Effectivement, rien n’a été laissé au hasard. La plupart des bâtiments ont été rasés et un immense trou de 8 mètres a vu le jour en 2010, au début des travaux. Le travail par gravité étant désormais reconnu comme plus qualitatif, les chais à barriques sont au fond et le cuvier de vinification au dessus. L’utilisation des pompes pour amener le vin d’un lieu à un autre (notamment des cuves vers les barriques) est ainsi limitée, ce qui est l’objectif : son brassage n’étant pas une bonne chose pour la qualité.
Nous avons ainsi à Fieuzal un chai à barriques circulaire, encadré de deux chais symétriques. Au-dessus, le cuvier de vinification est, à notre connaissance, unique en Gironde. On y trouve en effet 63 cuves avec les trois matériaux : 10 en bois, 16 en béton, et le solde en inox. « Nous sommes passés de 23 à 63 cuves. Pour des vinifications ciblées, en fonction des parcelles, c’est un plus. Concernant le panachage inédit des trois matières, je ne voulais m’imposer aucune contrainte. C’est une batterie d’outils à notre disposition, comme dans une cuisine. Je pense à une vinification dans les cuves bois pour des raisins parfaits, et le béton pour tirer le meilleur du cépage cabernet » détaille celui qui dirige les 24 employés de Fieuzal.
En attendant le restaurant
Avec de tout petits rendements, la vendange 2011 a été faite ici, alors que la 2010 fut menée dans des locaux en face de Fieuzal, dans l’ex château Haut Gardère qui appartient au même propriétaire. Là même où Stephen Carrier, jamais à court d’un projet, envisage à terme d’aménager une dizaine de chambres et même ouvrir un restaurant. Manque encore le budget.
Et concernant le coût de ces travaux réalisés ? « Je préfère rester discret. Disons entre 6 et 10 millions d’euros. Tout en autofinancement » précise le technicien qui, fait rare, est heureux du respect des délais. « Avec notre architecte Philippe Ducos, 18 entreprises ont travaillé ici. Au plus fort, il y avait 65 personnes à l’œuvre. Nous avons construit 5 400 m2 ! S’il faut un jour repartir au combat, je reprends les mêmes ».
Le château de Fieuzal rouge vaut environ 18 à 24 € la bouteille. Il faut en compter 24 à 28 pour le blanc.
Photo Marion Lefebvre
Source – César Compadre
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