Samedi 21 Décembre 2024
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07.02.2023
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Ce film qui sortira en salle cette année est une plongée au cœur de l’histoire du vin naturel en France. À l’heure où un nombre croissant de consommateurs s’y intéresse, voici un témoignage utile sur ce monde encore relativement méconnu.
On pourrait ne citer que les noms de tous les intervenants qui apparaissent dans Panorama. Cela permettrait immédiatement de poser le débat. Qu’il s’agisse de vignerons, de cavistes ou bien encore de chefs, on ne pourra pas opposer à cet aréopage qu’il n’est pas légitime et reconnu dans le monde du vin naturel. Qui sont-ils ? Camille Lapierre, Jean Foillard, Pierre Overnoy, Jacques Néauport, Christian Binner, Romaine Plageoles ou bien encore Alexandre Bain pour ne citer que la partie vigneronne de l’affaire. Tous apportent un regard sincère sur la destinée des vins naturels dans l’Hexagone, où comme l’explique l’un des protagonistes « ces vignerons qui ont continué à travailler de manière traditionnelle sont finalement devenus avant-gardistes par rapport au développement de la chimie ces dernières décennies ». Une épopée, voilà effectivement ce qu’a été ce mouvement initié dans les années 1970/1980 par quelques-uns pour qui la chimie toute puissante n’avait rien à faire dans les vignes. Certaines grandes figures peu connues du grand public et pourtant décisives ont guidé ces premiers pas, les ont crédibilisés. Des images rares d’archives ont ainsi été exhumées et permettent par exemple de voir Jules Chauvet, ce grand monsieur qui fut vigneron, négociant et qui travailla de manière pointue sur des questions scientifiques. Ses travaux ont grandement amélioré la compréhension de la chimie pour mieux pouvoir s’en extraire. Alain Chapel, chef 3 étoiles mythique, apparaît aussi et l’on redécouvre le rôle qu’il a joué à l’époque, avec Jacques Néauport à ses côtés, pour la promotion de vins différents, plus naturels.
De grands jalons
Entrecoupés d’images de vignobles, de travaux viticoles et de dégustations, les différents intervenants reviennent sur ces étapes qui ont jalonné la normalisation progressive des vins naturels en France. Ce furent tout d’abord des pionniers qui ont joué le rôle de locomotives dans leurs régions. Bien évidemment, le regretté Marcel Lapierre dont sa fille Camille qui a pris sa suite montre avec émotion les carnets dans lequel il notait scrupuleusement tous les détails de ses vinifications. Un véritable travail d’orfèvre, le même que celui mené par Christian Chaussard sur Vouvray, en particulier sur les pétillants naturels, ou bien encore Dominique Derain à Saint-Aubin. Des figures de proue qui ont montré la voie à beaucoup d’autres, comme Alexandre Bain, Yvon Métras ou Christian Binner. Le documentaire n’élude pas les problématiques relatives au monde du vin naturel qui interpellent aujourd’hui comme notamment le dogmatisme jusqu’au-boutiste de certains qui refusent catégoriquement le soufre, quitte à proposer des vins déviants. Car si l’ambiance générale est bon enfant et paysanne (un peu trop parfois quitte à tomber dans le cliché vin nature = paysans décalés un peu bourrus), l’essentiel est toutefois rappelé. « Le plus dur dans le fait de faire des vins sans soufre, c’est justement de ne pas en mettre » ! Pierre Overnoy, avec toute sa sagesse, rappelle que « si dans les vins nature il s’est fait n’importe quoi, ce qui a pu jeter le discrédit, produire du vin nature ce n’est pas les petits oiseaux qui chantent et on part en vacances ». Du travail, il en faut énormément. De la réflexion aussi. Du sens, c’est ce que tous recherchent. Et si le film est certainement trop long d’une demi-heure, il a le mérite d’éviter tout militantisme niais et donne surtout matière à élargir le débat et à mettre en perspective sereinement le vin naturel dans le reste de la viticulture.
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