Lundi 7 Avril 2025
Paul Szersnovicz le nouveau maître de la Maison Hine ©Mathieu Martines
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Date
07.03.2025
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Comme beaucoup d’adolescents il rêvait de contrées lointaines mais le nouveau maître de chai de la maison à quatre lettres a très vite été rattrapé par les terres qui l’ont vu naître.
On parle d’enfant du pays malgré un nom qui évoque des racines polonaises et une mère canadienne. Il a la double nationalité mais il est né à Cognac, en 1993, avant que la maternité ne soit déplacée à Châteaubernard, en périphérie de la ville qui donna son nom à l’eau-de-vie. « Une fierté d’avoir cette cité inscrite sur mon passeport… », sourit Paul Szersnovicz. Cette eau-de-vie, il la connaît depuis toujours. Ses parents travaillent chez Courvoisier, l’immense maison qui trône au-dessus du fleuve Charente à Jarnac. La future mère de Paul est guide et tombe amoureuse d’un responsable technique. L’histoire se poursuit à la maternité de Cognac et Paul grandit dans la propriété familiale nichée dans le cru Borderies, à Javrezac. C’est un domaine viticole où l’on distille une dizaine d’hectares.
Pour l’école, le gamin use les bancs des institutions de Cognac avant de partir à Bordeaux, au lycée Tivoli. Il ne pense qu’à une chose : percer les fuseaux horaires, rêvant d’un autre monde. Le jeune homme a des facilités et intègre HEC à Montréal. Finalement, sa future épouse bordelaise le fait rentrer au pays. Il bosse dans la fondation et l’association à but non lucratif. Alors qu’il marche sur sa 28ème année, ses parents lui font du pied pour reprendre la propriété de Javrezac. Remontent alors à la surface les souvenirs d’enfance, sur le tracteur, la distillerie, les lots de cognac à humer. « Finalement, je me dis que la Charente n’est pas si mal, l’univers est assez merveilleux même », confie-t-il.
Le retour aux sources s’opère avec la conjointe et, comme ses parents double-actifs, Paul entend s’occuper de la propriété tout en bossant dans une maison de cognac. Son top one du top 3 est Hine, cette pépite de Jarnac-Charente, « proche de l’orfèvrerie ». Il rattrape deux cursus, un Master en Droit et Management des Vins et des Spiritueux à Segonzac, une antenne de l’université de Poitiers, également un brevet technique en viticulture et œnologie au lycée de Cherves-Richemont. « Il faut être bon en gestion, en droit et maîtriser la technique », résume Paul Szersnovicz. A la sortie, en 2021, le surdiplômé est pris chez Hine en tant qu’assistant de maître de chai auprès de la figure historique, Éric Forget. « Nous sommes dans le même bureau, je le suis comme une ombre », dit-il.
Au bout de deux ans, il devient adjoint et gagne en autonomie. A la fin du mois de janvier 2025, Éric Forget part à la retraite et Paul Szersnovicz prend le poste. « Il n’y avait pas de surprise, j’avais été recruté dans cet objectif, la passation s’est faite progressivement et j’ai eu la chance d’avoir un mentor qui partageait énormément », ajoute le nouveau maître de chai. Parmi les derniers projets communs, ce fut la création du XO Premier Cru qui est venu remplacer la coupe Antique. Beaucoup d’autres choses sont en gestation, en lien avec le vignoble de Hine mais aussi sur des modes de vieillissement. La famille propriétaire de Hine suit de près le travail des équipes en place et du nouveau maître de chai trentenaire, par ailleurs passionné d’apiculture, de sport et père de deux enfants.
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