Mercredi 18 Décembre 2024
Etiquette Mouton Rothschild par P. Soulages - 1976
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27.10.2022
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Célèbre pour avoir démontré par sa peinture toute la lumière que pouvait paradoxalement dégager la non-couleur qu’est le noir, l’artiste Pierre Soulages est décédé hier. Il avait croisé au moins par trois fois le monde du vin.
Pierre Soulages nous a quittés hier à l’âge de 102 ans. Signe du destin ou peut-être source d’inspiration, il est né à Rodez, dans une région où le vin rouge est si foncé qu’il est presque noir. Fils d’un carrossier, il se passionne dans sa jeunesse pour les matériaux patinés par le temps, les paysages des Causses, et l’art préhistorique. Il commence à peindre en 1934, avec déjà cette fascination pour le noir et blanc. Il rejoint ensuite l’Ecole des Beaux Arts en 1939, où il est plutôt déçu par l’enseignement prodigué. Ce séjour à Paris lui permet cependant de découvrir la galerie Paul Rosenberg où les toiles de Picasso constituent pour lui un choc esthétique. Après la guerre, il abandonne le style figuratif. « Je ne dépeins pas, je peins » explique-t-il. Toute son œuvre s’articule ainsi autour d’une interrogation sur le rapport entre matière, couleur et forme. Elle explore le noir, sa couleur ou non-couleur fétiche, pour aller vers « l’outre-noir » et joue avec subtilité de tous les clairs obscurs, grâce au travail des reliefs, en appliquant notamment sur la peinture de ses toiles des entailles et des sillons. Ces monochromes noirs révèlent ainsi une multitude de lumières et de nuances, que l’on contemple avec la même fascination que les mille et un reflets de la robe d’un vin.
Célèbre aux quatre coins de la planète, l’artiste a justement croisé au moins à trois reprises le monde viticole. D’abord pendant la Seconde Guerre mondiale, lorsque fuyant le STO et muni de faux papiers, il est recruté comme régisseur au vignoble du Mas de la Valsière à Grabels. C’est là qu’il se liera d’amitié avec le romancier surréaliste Jean Delteil, lui-même fils de vigneron, qui l’encouragera : « Vous peignez avec du noir et du blanc, vous prenez la peinture par les cornes, c'est-à-dire par la magie ». La deuxième rencontre avec le monde du vin se produira lorsque la Maison bordelaise Mouton Rothschild qui commande chaque année à un artiste une œuvre pour orner son étiquette, le sollicitera pour son millésime 1976. Enfin, troisième rencontre, dans la Revue des deux mondes, Pierre Soulages confiait que l’une des personnes qui avait le mieux parlé de son œuvre était un vigneron de la vallée du Rhône qui n’avait pas hésité à vendre un morceau de son domaine pour lui acheter une toile !
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