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La Pointe du Diable, 50 ans de séduction diabolique

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

06.05.2016

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Une belle carte postale ce promontoire planté de vignes qui avance dans la Grande Bleue, près du Cap Bénat, au sud du massif des Maures. La famille Ferrari, déjà propriétaire du domaine Malherbe, a acheté la Pointe du Diable il y a 50 ans et a transformé la ferme en vignoble réputé.

Mireille Ferrari avait acheté en 1965 l’ancienne ferme de Brégançon, à l’époque en polyculture, et avait décidé de remplacer les fruits et légumes par des vignes. Une quinzaine d’ha sur le littoral qui viennent s’ajouter au 15 du domaine Malherbe existant, dans un domaine qui s’étend au global sur 60 ha. La Pointe du Diable, sur des alluvions sableuses chargées de quartz (plutôt de l’argilo-schisteux sur Malherbe, de l’autre côté de la colline), bénéficie de la rosée du matin qui apporte de l’eau à la vigne et est asséchée dans la journée par la brise marine du printemps et de l’été. D’où une régulation hydrique naturelle et une vigne saine.

D’abord des blancs

La première cuvée de la Pointe du Diable sort il y a 50 ans en rosé de macération, assemblage de cinsault et grenache (pour Malherbe, une majorité de grenache et 15% de rolle) « Mais dans la propriété, on aime les blancs et depuis longtemps, à une époque où la Provence n’en produisait quasiment pas, précise Sébastien Ferrari, quatrième génération à gérer le domaine. Dans les années 80, nous avons été parmi les premiers à planter du rolle (90% dans le blanc de la Pointe), complété de sémillon. Le domaine en compte d’ailleurs 4 cuvées contre 2 en rosé et 2 en rouge ». Malherbe est pour le moins atypique puisqu’il ne produit que 40% de rosés, plutôt à la couleur soutenue comparée à celle de ses camarades provençaux , 30% de blancs et 30% de rouges. « Sur la Pointe, depuis une vingtaine d’années, on fait également du rouge, tannique et animal, à base de grenache, syrah et 30% de cabernet -sauvignon, un ‘accident’ en fait, reconnaît Sébastien Ferrari alors que l’on a du mourvèdre sur Malherbe. Mais il serait difficile de tout arracher aujourd’hui ».

Crédos bios et sélections parcellaires

Depuis 7 ans, la propriété a choisi la complantation, traditionnelle dans le Sud, pour remplacer les manquants sur les anciennes parcelles. « Les 4 premières années des jeunes plants, la récolte est séparée et ensuite on vendange toute la parcelle en même temps, ce qui nous donne une maturité moyenne plus élevée ». Le domaine pratique d’ailleurs les petits rendements (autour de 30 hl/ ha en moyenne) et la sélection parcellaire de façon draconienne; elle n’a jamais travaillé avec des désherbants mais elle n’est certifiée en bio que depuis 3 ans. « Nous utilisons des fouloirs, peu de pressoirs et nous travaillons en vendanges manuelles avec tri à la vigne et sur table vibrante ». Arnaud Ferrier, en charge de l’exploitation à temps partagé avec le châteauneuf-du-pape La Célestière et le baux-de-provence Dalmeran, était un élève de Jacky Coll, l’ancien et réputé vinificateur du Château de la Verrerie en Luberon. Sébastien Ferrari qui dirige aussi une société de matériaux composites basée près de Lyon passe deux fois par mois au domaine où habite toujours sa mère, Mireille, 86 printemps, qui lui a passé la main il y a 6 ans. Les Ferrari ne veulent pas entendre parler de négoce mais cela n’empêche pas ce chef d’entreprise d’avoir des projets de développement ambitieux pour Malherbe qui devrait passer d’ici 3-4 ans de 60 000 à 100 000 bouteilles. Pour cela la famille a d’ores et déjà racheté 2 ha plantés en blanc au Château Brégançon.