Jeudi 21 Novembre 2024
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24.05.2024
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Voici, en avant-première, quelques-uns de nos coups de cœur à Margaux, avant la sortie de notre numéro de juin, entièrement consacré au vignoble bordelais et à l’analyse du millésime.
Dire que Margaux est hétérogène devient un lieu commun, mais risquons-nous à le répéter en préambule. Appellation vaste (1500 hectares), elle présente une grande diversité de sols, d’expositions, et a connu en 2023 des déroulements très différents s’une propriété à l’autre, entre pluviométrie, mildiou, rendements, maturités… On n’ira pas jusqu’à dire que ce millésime présente le pire comme le meilleur en territoire margalais, mais pas loin. Certains vins nous ont semblé minces aux portes de la maigreur, balafrés par des acidités saillantes, des tannins rustiques, des finales astringentes. Il y a vraiment eu des « crash » en 2023, et il n’est jamais agréable pour un dégustateur d’écrire cela, tant ce millésime a dû être éprouvant à mener. Mais intéressons-nous plutôt aux réussites. Château Palmer a signé un grand vin, « vif, pur, et, à l'image d'Usain Bolt célébrant sa victoire ». Château Margaux, Premier Grand Cru Classé, se signale comme un « monument d’équilibre ». Mais la rédaction a tenu à saluer deux très belles réussites au château Cantenac Brown, qui inaugurait sur ce millésime un nouvel outil technique non seulement technologiquement performant mais aussi écoresponsable, « un bel équilibre entre délicatesse et concentration » ; et au château Lascombes, qui se recentre sur son cœur de terroir, augmente sa proportion de cabernet, et grâce à sa texture satinée, « franchit plusieurs étages en 2023 ». Ce sont ces très beaux vins qu’il faut guetter sur le millésime, en faisant soigneusement le tri.
Les coups de coeur
Château Palmer - 3ème Grand Cru Classé 1855 : 98
Vingt ans, trente ans, le potentiel de garde de ce millésime 2023 est une forme d'horizon ineffable. Avec ses 50 % de cabernet sauvignon, ses 46 % de merlot et ses 4 % de petit verdot, ce Palmer présente un nez herbacé et boosté par le grain de cassis qui craque sous la dent. On pressent une sublime acidité qui se confirme dès l'attaque. C'est vif, pur, et, à l'image d'Usain Bolt célébrant sa victoire, le vin s'étire dans le temps. Volupté, mâche, puissance et gloire, de la littérature en bouteille. Ce Palmer 2023 est plus que jamais vivant, à nous enterrer.
Château Lascombes - 2ème Grand Cru Classé 1855 : 96-97
Le nez est un précis d'élégance, entre cassis et graphite, notes d'eucalyptus et tabac blond. On lui devine une belle densité, qui se confirme en bouche. Une texture satinée, d'un magnifique toucher, la matière est aérienne et tapissante, d'une aromatique florale (fleur de sureau, violette). On adore la mâche du vin, son profil savoureux, vibrant, saignant, qui s'étire en longueur et relance la salivation, sur une nappe tannique ciselée. Lascombes, qui s'est recentré sur son cœur, son terroir (60 % cabernet sauvignon, 37 % merlot, le solde en petit verdot et cabernet franc), franchit plusieurs étages en 2023.
Château Cantenac Brown - 3ème Grand Cru Classé 1855 : 95-96
2023 est le premier millésime vinifié et élevé dans le nouveau chai de Cantenac Brown, à la fois spectaculaire sur le plan architectural et technique mais aussi écoresponsable (partiellement construit en terre crue). Le vin se positionne sur un bel équilibre entre délicatesse et concentration. Trame très cabernet (71,5 % de l'assemblage), entre le velouté de la matière et le grain des tanins qui confère à l’ensemble une touche de fermeté. Il est porté par une jolie jutosité et une vraie fraîcheur. Belle persistance et longueur en bouche, jusqu’à la finale, signée par de fins amers.
Les très bonnes notes
Château Margaux - 1er Grand Cru Classé 1855 : 97-98
Un millésime dans le plus pur classicisme des vins du château Margaux. Le nez prévient déjà d'un velours intense, entre le cassis, la fleur de sureau et la violette. La bouche engage une puissance contenue, un vin tactile, sommet d'équilibre, porté par une tension convoquant une très grande garde.
Château Brane-Cantenac - 2ème Grand Cru Classé 1855 : 95-96
Nez d'une grande noblesse sur le grain de cassis, la fraise des bois et des notes de café. Dès l'attaque, le vin s'étire. C'est tendu, ciselé et, fidèle à ce Grand Cru Classé 1855, d'une grande délicatesse. Brane-Cantenac poursuit son bonhomme de chemin sur le registre de la dentelle.
Château Durfort-Vivens - 2ème Grand Cru Classé 1855 : 95-96
Toujours au rendez-vous ces dernières années, Durfort-Vivens 2023 présente un nez superbe sur la violette, la fleur de sureau et le bouton de rose. L'attaque est fraîche, ample et lisse, c'est la signature de Gonzague Lurton. L'ensemble est délicat, en dentelle, pour une finale sur le cassis frais.
Château Giscours - 3ème Grand Cru Classé 1855 : 95-96
Giscours réussit son 2023, déclinant un nez précis, noble, alerte et vertical. La bouche est construire sur une droiture aristocratique, le fruité centré s'habillant de tanins robustes et finement sculptés. L'ensemble est d'un équilibre remarquable, propre à ce terroir majuscule de Margaux, jusqu'à la finale, juteuse et légèrement stricte.
Château Rauzan-Ségla - 2ème Grand Cru Classé 1855 : 95-96
Travail d'orfèvre de la part de l'équipe de Rauzan-Ségla qui a su relever le défi d'un millésime exigeant. On aime son joli toucher de bouche, son fruit pulpeux se déroulant sur un habit tannique au grain finement accrocheur. L’acidité est traçante, sur une jutosité vigoureuse. Un vin centré, doté d'une vraie tonicité.
Dégustation collective le 17 avril. Notre comité de dégustation : Jean-Charles Chapuzet, journaliste et écrivain, Benjamin Corenthin, sommelier caviste (cave La Médocaine à Bruges), Mathieu Doumenge, grand reporter, Julien Morel assistant de rédaction, Sylvie Tonnaire, directrice de la rédaction.
Puis rendez-vous individuels en propriétés (Sylvie Tonnaire, Jean-Charles Chapuzet, Mathieu Doumenge)
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