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Puech-Haut : Arnaud Demongeot ouvre une nouvelle page

Puech Haut Arnaud Demongeot Gérard Bru

Arnaud Demongeot et Gérard Bru ©Alexandra Hanger

Auteur

Yoann
Palej

Date

16.04.2025

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À Saint-Drézéry, dans l’Hérault, un souffle nouveau anime Puech-Haut. Arnaud Demongeot, professionnel aguerri du monde du vin, prend les commandes opérationnelles domaine avec l’ambition de l’inscrire dans une nouvelle dynamique. Le passage de témoin s’opère en douceur, aux côtés de Gérard Bru, le fondateur visionnaire qui reste à l’écoute.

« Je ne suis pas là pour faire table rase du passé mais pour faire avancer l’histoire avec respect », pose d’entrée Arnaud Demongeot. Depuis septembre dernier, le nouveau directeur général associé, formé sur le terrain, a pris la tête opérationnelle de l’un des domaines les plus singuliers et emblématiques du Languedoc. Sans révolution, mais avec méthode, il entend prolonger l’histoire initiée par Gérard Bru, 76 ans, en y apportant encore plus de lisibilité, de cohérence et une volonté claire : réaffirmer la dimension vigneronne d’une maison aussi connue pour ses bouteilles iconiques que pour ses racines profondes dans le Pic Saint-Loup (Lavabre à Claret, les Fontetes à Fontanès et plus récemment le Clos du Pic à Lauret).

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Recentrage qualitatif et ancrage territorial

La segmentation des gammes est l’un des premiers chantiers menés : une offre spécifique a été créée pour la grande distribution afin d’éviter toute confusion avec les cuvées phares du domaine, comme Argali ou les Têtes de Bélier. « Aujourd’hui, plus question de croiser les circuits », insiste Arnaud. Seule exception à cette règle : Argali, qui restera disponible à la fois en GMS et en réseau traditionnel. Parallèlement, la montée en gamme se concrétise, avec le soutien de l’équipe de Michel Rolland et le retour d’un œnologue historique (dont le nom n’a pas encore été dévoilé…). Le style se précise autour de plus de fraîcheur, de fruit, de buvabilité. Le recentrage qualitatif s’appuie sur une restructuration du vignoble, avec notamment l’introduction du rolle et l’expérimentation de la culture en pergola. Ce travail à la vigne s’accompagne également d’un rééquilibrage des couleurs : aujourd’hui très axée sur le rosé (65 % des volumes), la production tend à accorder davantage de place aux blancs, dont la demande ne cesse de croître.

« On cultive tout en bio, mais on ne le revendique pas. Ce n’est pas une posture, c’est du concret », précise-t-il. Cette approche il la réserve à Puech-Haut, les autres entités du groupe, comme le Château Lavabre en appellation Pic Saint-Loup (qui sera certifié bio à partir de la récolte 2024) ou le Domaine de Theyron, étant engagées dans des démarches de certification.

Enfin, la nouvelle direction conservera une signature emblématique de la maison : les célèbres Bib’art, ces bag-in-box décorés par des artistes, qui ont participé à forger l’identité visuelle et audacieuse du domaine : « C’est une réussite folle. Ça reste un support de communication et de diffusion formidable, notamment en restauration ou à l’export. »

Continuité et transmission

Autre priorité : défendre son cœur de marché. « Mon marché clé, c’est le réseau traditionnel français. C’est là que s’est construite la notoriété de Puech-Haut, et c’est là que je veux continuer à exister », martèle-t-il. Le domaine s’appuie sur une équipe d’une soixantaine d’agents pour y maintenir sa présence. Un choix stratégique assumé à l’heure où beaucoup misent sur l’export ou les circuits courts. Dans un contexte économique tendu, Arnaud Demongeot assume une gestion en bon père de famille, tout en projetant le domaine vers de nouveaux horizons. L’œnotourisme, par exemple, pourrait prendre une place plus marquée, à travers des dégustations à la barrique, des événements culturels ou des soirées musicales au Clos du Pic : « L’idée, c’est d’accueillir différemment, avec du fond, de l’âme, du partage. Pas de blingbling, mais du sens. »

À la tête d’une équipe soudée, composée de collaborateurs historiques et de jeunes talents, Arnaud Demongeot entend incarner un management collectif, sans ego mais avec conviction. Il parle volontiers de transmission, peut-être vers les enfants de Gérard Bru demain, peut-être vers d’autres. En attendant, c’est lui qui impulse, qui structure, qui engage la nouvelle étape. Le prototype d’une bouteille à double face, où deux têtes de Bélier se répondent, incarne à merveille ce moment charnière. « Une manière de symboliser la transmission entre deux générations, et l’idée que tout se joue dans l’équilibre », conclut-il.

Terre de Vins aime

Theyron Blanc 2024, IGP Pays d’Oc, AB, 19.90€

Avec son profil solaire mais précis, sa bouche ample et saline, ce 2024 séduit d’emblée. Issu d’une viticulture exigeante et d’un élevage soigné, ce vin d’équilibre et d’expression illustre la volonté du groupe de valoriser les blancs du Languedoc. Le rolle apporte sa tension et sa finesse, prolongeant la bouche dans une finale fraîche et légèrement iodée. Des notes de poire, de fleurs blanches et une pointe d’anis en rétro-olfaction complètent ce tableau lumineux. Un blanc croquant qui saura faire parler de lui sur les tables printanières.