Vendredi 27 Décembre 2024
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15.01.2013
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Le critique américain Robert Parker, qui influence la planète vin avec ses notes depuis 30 ans, a décidé de prendre du recul : il y a un mois, il cédait le contrôle de sa revue le « Wine Advocate » à un investisseur asiatique. On se demande, surtout à Bordeaux, qui pourra le remplacer.
En 1977, Robert Parker, un jeune avocat américain passionné par le vin se lance dans la dégustation et la critique en créant le « Wine Advocate ». En 1982, contre la plupart des avis, il décèle un très grand millésime, particulièrement à Bordeaux. L’avenir lui donne raison et l’installe comme dégustateur de premier plan. D’autant que le public américain suit de près ce qu’il dit. Au fil du temps, ses notes sur 100 deviennent une référence absolue et font décoller les ventes des vins les mieux notés.
Il y a quelques semaines, Robert Parker a cédé le « Wine Advocate » à des investisseurs de Singapour pour 15 millions de dollars. Les bureaux historiques de Parker à Baltimore vont fermer, et la formule papier du « Wine Advocate » cessera d’être publiée à la fin de l’année. Seule continuera la publication sur Internet. De même, il cède la rédaction en chef à sa collaboratrice de Singapour Lisa Perrotti-Brown. Parker prend néanmoins la présidence de la société qui chapeautera le « Wine Advocate » et conserve la responsabilité rédactionnelle pour les vins de Bordeaux et les côtes-du-rhône, ses deux grandes passions.
Il n’empêche que cette annonce a fait vibrer la filière vitivinicole bordelaise, pour qui l’après-Parker vient de commencer.
« Il a 65 ans. Un âge respectable pour commencer à préparer sa retraite », commente Alain Raynaud, l’un de ses amis bordelais, propriétaire du Château du Parc à Saint-Émilion. Pour lui, toutefois, l’heure du retrait n’a pas encore vraiment sonné. « Parker conserve la responsabilité de Bordeaux. Il est d’ailleurs actuellement en Gironde pour la dégustation des 2010 en bouteille. Il doit ensuite revenir en mars pour les primeurs 2012. » Alain Raynaud considère tout de même qu’une nouvelle ère s’amorce. « Parker est encore là pour cinq ans. Ensuite, je crois que les choses seront différentes. Je ne crois pas qu’une seule personnalité pourra, comme il l’a fait, avoir une telle influence. »
La révolution Internet
Cette opinion était partagée vendredi lors d’un débat organisé par la bouchonnerie Diam et animé par Alain Marty à l’hôtel Burdigala à Bordeaux, avec Michel Bettane (Guide Bettane et Desseauve, Terre de vins), Bernard Burtschy (Le Figaro), Ian D’Agata (Decanter, Stephen Tanzer’s International Wine Cellar), Ronald de Groot (revue néerlandaise Perswijn), Peter Moser (magazine autrichien Falstaff), Xiang Gao (cofondateur du site chinois Tastespirit.com) et Jamie Goode (blog Wineanorak.com).
Chacun son tour, ils ont dit leur admiration pour Parker. Tous sont aussi convenus que, sauf apparition d’une personnalité exceptionnelle, la critique du vin avait déjà commencé à prendre une autre tournure. Avec l’émergence de blogs, même si ces derniers ont fait l’objet de beaucoup de critiques, leurs auteurs manquant de « compétence » pour ces journalistes spécialisés. « Mais les journalistes doivent aussi comprendre qu’ils ne sont plus des références absolues et qu’ils peuvent aussi être l’objet de critiques », observait Peter Moser. Les sept intervenants sont convenus que les futurs talents de la dégustation, capables d’influencer l’économie du vin, viendraient probablement d’Asie. Ce que semble confirmer le déménagement du « Wine Advocate » vers Singapour.
Jean-Pierre Tamisier
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