Jeudi 21 Novembre 2024
© Arnaud Lapierre
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Date
22.09.2023
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Inaugurée hier soir en présence du maire, « RISE », la sculpture réalisée par Arnaud Lapierre inspirée par la cuvée Rare Champagne 2013, illumine désormais de ses mille et une facettes l’hôtel de ville de Reims où elle restera jusqu’au mois de novembre avant de rejoindre définitivement les jardins de la Maison de Champagne.
La sculpture est un hommage à la cuvée Rare 2013 et au soleil de l’automne qui cette année-là baigna les vendangeurs mobilisés en plein mois d’octobre. Arnaud Lapierre est un artiste qui travaille particulièrement les reflets : « Mon objectif est de montrer comment ils permettent de donner une autre lecture de notre réalité, de s’approprier les choses d’un autre point de vue. » L’ensemble représente un disque solaire qui donne l’impression de loin de crépiter. « C’est l’effet Novaya, que l’on observe au lever et au coucher du soleil, où l’astre se transforme en lignes et semble se défragmenter. »
Un crépitement du soleil qui fait lui-même écho au crépitement des bulles et à la manière dont elles dansent dans le verre. Car l’œuvre est polysémique et lorsqu’on s’en approche on constate qu’elle est composée d’une multitude de plaques en aluminium aux formes arrondies. Elles-mêmes sont constituées à chaque fois de deux à trois bulles accolées, sans toutefois constituer des bulles parfaites qui se détacheraient clairement les unes des autres. « Si je m’étais contenté de simples bulles, cela aurait été trop littéral. Je voulais trouver quelque chose d’un peu sophistiqué dans le dessin, de plus élégant et recherché, un peu comme un orfèvre, mais de simplifié en même temps. Le fait de travailler sur des séquences de deux et de trois permettait justement d’avoir cette confusion, ce crépitement, cette décontraction. Cela participe au langage visuel de l’œuvre. Grâce à cela j’ai pu aussi créer ce disque, parce que l’exercice qui consiste à recréer un cercle à partir de petits cercles à l’intérieur ne fonctionne pas, j’ai essayé ! On a besoin de passer par des ruses comme celle-ci. Cet univers du métal et cette façon de le découper, s’approchent de l’art du joailler et renvoient à la bouteille de Rare, elle-même ornée d’une tiare. »
Le dernier côté génial de l’œuvre, c’est, lorsque l’on se trouve à ses pieds, de contempler les mille et un reflets et la manière dont ils décomposent, désassemblent, tous les éléments environnants, que ce soit les corps des passants dont la tête, le buste et les jambes se trouvent séparés grâce aux inclinaisons différentes des panneaux, mais aussi les édifices qui se trouvent aux alentours. « C’est ce qui m’amusait, engager les personnes à découvrir une autre façon de s’approprier l’espace urbain, de fixer leur attention sur des morceaux d’architecture sur lesquels ils ne se seraient pas arrêtés en se promenant, qu’ils n’auraient pas vus. Lorsque l’on connaît cette place et qu’on la traverse tous les jours, peut-être passe-t-on par habitude à côté de ces détails. Les spectateurs vont aussi s’amuser à essayer de reconstituer le puzzle. Il faut souligner que l'oeuvre est biface. Elle a une perspective très lumineuse, très orientée vers le ciel côté place Colbert, et très architecturale côté hôtel de ville. »
On l’aura compris, il y a chez Arnaud Lapierre une humilité « Rare » chez les artistes, une absence totale de snobisme. Au contraire, l’auteur n’a pas peur d’être pédagogue pour mieux rapprocher son œuvre de son public. Et cela se lit jusque dans la façon dont la sculpture ne cherche pas à cacher la structure qui la maintient. « C’est une manière de démystifier l’art, je voulais que le public puisse voir comment l’œuvre avait été faite, c’est presque une notice pour pouvoir la reproduire à la maison, ce qui n’est pas si compliqué. »
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