Vendredi 27 Décembre 2024
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03.11.2017
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Face à la forte croissance des vins pétillants étrangers (+17%), Roche Mazet mise sur les effervescents de cépage IGP Pays d’Oc, tout juste réhabilités après le marathon judiciaire opposant depuis 2011, les IGP mousseux aux AOC Crémants.
Roche Mazet claironne-t-il trop vite sa victoire ? Alors que le cahier des charges revisité des mousseux IGP Pays d’Oc vient tout juste d’être validé, le 19 octobre par l’Institut National de l’origine et de la qualité (INAO) et sans attendre l’engagement ministériel de publier ce décret au Journal Officiel (au plus tard le 12 décembre, date limite de déclaration de récolte), la Société des Vins de France (groupe Castel) mise sans réserve sur sa gamme d’effervescents IGP Pays d’Oc.
Entré en campagne de communication le 18 octobre lors d’une présentation à la presse parisienne, Roche Mazet défend pour les fêtes de fin d’année une bulle 100% française, celle des vins de cépage Pays d’Oc IGP qu’elle décline depuis 2014 en Chardonnay brut, Muscat demi-sec, et Syrah brut (en rosé). Un peu plus de 600 000 cols ont été commercialisés en Hyper et Supermarchés l’an passé (en cumul annuel mobile arrêté au mois de septembre), représentant une croissance de 11% sur ce segment, contre 1% pour les vins tranquilles développés par la marque depuis 1998.
Cinq ans de bataille judiciaire
Mais doit-on craindre une nouvelle attaque de la Fédération Nationale des Producteurs et Élaborateurs de Crémants (FNPEC), dont les recours répétés depuis 2011, ont entravé le déploiement de 36 IGP françaises dont les Pays d’Oc effervescents ? « L’INAO ayant donné son aval le 19 octobre, nous sommes convaincus que l’IGP Pays d’Oc arrivera à se faire reconnaître durablement sur la catégorie des vins effervescents compte-tenu de la qualité de ce terroir propice à leur élaboration. Et si l’INAO donne une nouvelle fois son aval à ce cahier des charges, c’est qu’il doit être légitime », assure Rachel Edme, chef de groupe marketing chez Castel Frères.
Christelle Jacquemot, directrice de la Confédération des vins IGP de France, estime quant à elle le risque mesuré : « Nous ne sommes pas à l’abri que la FNPEC saisisse de nouveau le Conseil d’État pour une demande d’annulation mais force est de constater qu’aujourd’hui, l’État nous reconnaît le droit de produire des mousseux IGP. » Pour la porte-parole des IGP françaises, cette victoire intervient néanmoins dans un pas de temps qui n’est pas en phase avec les attentes du marché, extrêmement concurrencé par les proseccos et cavas notamment. « On préfère finalement un marché qui soit pris par des vins étrangers au détriment d’une production française qui serait possible à travers les IGP », observe-t-elle.
Poussée dynamique des pétillants étrangers
Car la bataille judiciaire qui oppose, depuis 2011, la Fédération des Crémants à 36 IGP mousseux, intervient dans un contexte de poussée extrêmement dynamique des vins pétillants étrangers : + 17% en volume en 2017, avec 2,5 millions de bouteilles supplémentaires commercialisées sur les linéaires.
« Actuellement ce sont les effervescents étrangers qui dynamisent le marché. 7 millions de cols de cava ont été commercialisés cette année et 5 millions pour le prosecco qui a vu ses ventes progresser de 45%, alors que le total marché effervescent est lui en recul, analyse Rachel Edme. Cela veut dire que la filière des vins français pâtit, c’est elle qui a besoin d’être dynamisée. »
Dans ce contexte, Roche Mazet veut apporter une solution 100% française et une bulle différenciante, grâce à l’approche cépage originale des Pays d’Oc IGP. « Ce qui nous a plus dans cette dénomination IGP Pays d’Oc c’est tout le potentiel qu’elle offre dans l’usage des cépages. Car chaque cépage renvoie à une expérience de goût particulière sur laquelle il ainsi plus simple de mettre un mot » reconnait Rachel Edme. Faire des vins effervescents par le prisme des cépages comme nous l’avons fait pour les vins tranquilles (42 millions de bouteilles 75 cl Pays d’Oc IGP commercialisées en France, 3 milions de foyers acheteurs, 1,5 bouteille achetée chaque seconde, NDLR), était un moyen pour nous d’apporter de la nouveauté. »
Pour s’imposer dans les linéaires, Roche Mazet mise aussi sur des prix extrêmement compétitifs : 5,75 €/col en moyenne pour sa gamme d’effervescents IGP Pays d’Oc, contre 5,40 € pour le prosecco et 5,50 le cava.
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