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Sauternes retrouve des couleurs

Château Lafaurie-Peyraguey ©AgiSimoes

Auteur

Michel
Sarrazin

Date

17.01.2024

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Le nom de Sauternes est connu partout sur la planète. Ses vins liquoreux, dont certains viennent de crus classés en 1855, sont parmi les meilleurs du monde et bénéficient d’une large notoriété. Malgré cela, les ventes ont connu ces dernières décennies un lent repli que rien ne semblait arrêter. Pourtant la tendance semble s’inverser grâce à un engagement de tous qui porte ses fruits. 

« C’est surtout un travail de fond effectué depuis 5 ou 6 ans qui a transformé la perception du consommateur » se réjouit Jean-Jacques Dubourdieu, le coprésident de l’ODG Sauternes-Barsac. Il est vrai que depuis la fin des années 2010, les projets n’ont pas manqué d’animer le lieu : « une multitude de stratégies qui se rejoignent » dit-il. 

Des investisseurs amoureux du Sauternes et confiants dans l’avenir ont investi. Silvio Denz qui a repris Lafaurie Peyraguey en 2014, en lien avec la cristallerie Lalique a entrepris des travaux conséquents pour un hôtel 5* et un restaurant 2* Michelin. Guiraud joue sur le même registre, sous l’impulsion de Matthieu Gufflet, l’actionnaire majoritaire : hôtellerie haut de gamme et 3 restaurants. Et puis Yquem qui, en 2018, crée sa boutique et ouvre ses portes. Voilà pour ce que Jean-Jacques Dubourdieu appelle « le haut de la pyramide ». Mais le socle est solide aussi. Un socle constitué d’innombrables actions qui « vont toutes dans le même sens ». Maisons d’hôtes et boutiques dans les châteaux sont nombreuses désormais. Jean-Marc Dulong, le représentant de la famille Helfrich propriétaire de Bastor Lamontagne depuis 2018, ne dit pas autre chose : « bien que chaque château ait ses priorités, on observe une plus grande solidarité de la part de tous les vignerons pour aller dans le même sens, communiquer et partager ». Communiquer et partager, sans doute la devise de ce terroir : une devise qui n’est pas restée lettre morte car des preuves d’actes, il y en a.

Communiquer et partager
Les dernières journées portes ouvertes ont amené entre 8000 et 10000 visiteurs, sur un terroir riche d’un patrimoine réputé authentique, chargé d’histoire. Et quand les visiteurs goutent le Sauternes, ils l’aiment et repartent avec des idées pour mieux le boire, et plus souvent. On ajoutera « la raisin d’or en sauternais », une manifestation sportive tout public et multi activités qui se déroule dans le vignoble de Sauternes et Barsac, ainsi qu'au cœur de la Vallée du Ciron. Une vallée du Ciron qui a de nombreux atouts pour être valorisée et qui est appelée à être le sujet majeur pour expliquer la magie du Sauternes dans le cadre du futur projet de pôle oenotouristique : un projet en partenariat avec la cité du vin de Bordeaux. « Le financement des études du concours d’architecte est en cours de bouclage par l’ODG » indique Jean-Jacques Dubourdieu. Un projet qui complètera la toute récente et belle maison du Sauternes et de l’ODG.

Faire du Sauternais, une destination touristique qui génère du flux : tel est l’objectif de chaque château et de l’ODG. Le collectif est puissant et partage la même vision. Une solidarité qui a fini par payer. S’il y a plus de visiteurs, que sont les chiffres concernant le marché du vin lui-même ? 

Des stock en baisse et une demande plus soutenue
Pierre-Baptiste Fontaine le directeur de l’ODG commente bien volontiers. « Depuis le début des années 2010, les vignerons de Sauternes et Barsac ont tendance à commercialiser autant qu’ils produisent et les stocks des propriétés de Sauternes & Barsac ont eu tendance à diminuer sur cette dernière décennie ». Certes, les aléas climatiques de 2017 (demi-récolte) et de 2021 (- 85% de récolte) contribuent à diminuer les stocks. Mais « en 2023, les volumes produits vont couvrir les sorties de l’année ne créant pas d’effet de stockage ». 

Dans le même temps « les vins avec sucre résiduel sont perçus comme des éléments rassurant par les jeunes consommateurs » ajoute Pierre-Baptiste Fontaine. Une modification de l’image et un nouveau public qui génèrent un retournement de tendance. 

Un travail à poursuivre : « qu’on montre que ce vin ne se boit pas qu’avec le foie gras. C’est peut-être le vin qui s’accommode avec le plus de cuisines dans le monde. » conclut Jean-Marc Dulong.