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Signargues ambitionne le passage en cru

@Côte du Rhône Village Signargues

Auteur

Marie-Pierre
Delpeuch

Date

18.04.2025

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Alors que Laudun a officialisé son passage en cru fin 2024, l’appellation gardoise Côtes-du-Rhône Villages Signargues se lance dans la course pour décrocher le titre. Voici une jeune AOC dynamique située sur les villages de Domazan, Estézargues, Rochefort du Gard et Saze, sur la rive droite du Rhône entre le pont du Gard et Avignon. Elle revendique des vins rouges issus d’un terroir formé de galets roulés. Entretien avec son président Jean-Baptiste Mangin.

C’est un peu surprenant cette envie de vouloir passer cru, vous êtes un jeune Villages nommé de 20 ans !

Ma réflexion est la suivante. Tous les vieux villages nommés ont des références et des cahiers des charges très anciens. Nous, nous avons la jeunesse, 20 ans c’est l’âge de raison. Tout le travail réalisé est encore d’actualité aujourd’hui. On va devoir réduire la zone parcellaire, le travail est plus simple à faire. On a la chance d’avoir beaucoup de vignerons jeunes et si on veut faire cette démarche qui prend dix ans, il faut qu’on arrive sur une moyenne d’âge de vignerons qui aient envie de le faire.

Les gens du vin mettent en avant le côté qualitatif de Signargues. Les années difficiles, c’est chez nous que les négociants viennent chercher les vins. On dit qu’on a cette chance d’avoir une constance. Nous sommes le plus au sud de la Vallée du Rhône en termes de Villages, cela veut dire que l’on ramasse plus tôt. Et 15 jours avant les autres, par exemple aux équinoxes, cela a une grosse incidence. Notamment en 2002, quand il y a eu ces grosses inondations, 90 % de nos syrahs étaient rentrées. A l’échelle d’une vinification c’est énorme. On a aussi la chance d’avoir 200 jours de Mistral par an, cela permet d’assainir la récolte et cela durci les peaux des raisins et emprisonne la fraîcheur. On a plus de tannins dans nos baies ainsi l’on n’est pas obligé de faire des sur extractions. Les gens autour de moi disent que le Villages Signargues a beaucoup d’aura. Qu’est-ce qui nous empêche de le faire ? On n’est pas pressé mais il y a beaucoup de travail. Autant s’y prendre le plus tôt possible.

Portrait Jean-Baptiste Mangin
Jean-Baptiste Mangin, président de l'Appellation Côtes-du-Rhône Villages Signargues

L’appellation représente 1700 hectares dont 512 en production, cela incite t’il aux installations ?

Il y a effectivement 750 hectares, en enlevant les routes, les villages et les forêts. 512 ont été revendiqués sur le millésime 2024, c’est ce que revendique Laudun actuellement. Signargues est le seul Villages dont les volumes progressent. On a des domaines de Châteauneuf-du-pape qui s’installent chez nous, comme Château Gigognan, Fond de Michel. S’ils viennent chez nous c’est qu’il y a une raison. On a vu l’installation de deux jeunes au domaine de Lespina dont l’un travaillait à Châteauneuf conquis par la qualité du terroir et le prix du terrain. Cela ne peut que monter.

Vous capitalisez sur vos terroirs, qu’elles sont leurs spécificités et vos cépages ?

On a la chance d’avoir le plateau de Signargues qui garde l’eau, avec une couche d’argiles rouges et au-dessus des galets roulés. On a de très beaux terroirs pour les grenaches et de très beaux terroirs pour les syrahs. Rien qu’avec ces deux cépages ont fait des choses incroyables. Il faut plaire au plus grand nombre. Tout ce qui peut apporter de la complexité, apporter un côté soyeux, diminuer le degré d’alcool, il ne faut pas s’en priver. Sachant que l’INAO va nous demander une typicité. Comme nous avons la chance d’être très au sud, ce n’est pas les cépages qui feront la différence mais ce plateau de galets roulés, ce sous-sol avec de l’eau, les 200 jours de vent.

Quelle est la tendance au niveau de l’élevage ?

On laisse les Signargues s’élever plus longtemps car nous avons des Côtes-du-Rhône à vendre. On déguste actuellement plutôt des 2022 et des 2023 que des 2024. On est a deux ans d’élevage en plus sur nos vins à tel point que le syndicat n’appelle les cotisations que deux ans après.

25 domaines et 5 caves coopératives produisent l’AOC. Y-a-t ’il du négoce ?

Il y a deux caves historiques, celle de Rochefort du Gard et Estézargues qui produisent 60 % des volumes, à elles deux. La cave de Montfrin nous a rejoint, petit à petit cela s’étend. Au niveau du négoce, on connaît la Maison Chapoutier mais il y en a d’autres. Il faut s’avoir que l’on n’a quasiment pas de vins vendus en grande distribution. En France, l’appellation est vendue exclusivement en vente directe et dans le circuit traditionnel. A l’export, nos vins plaisent énormément dans les pays scandinaves. Il faut savoir qu’il y a plus de 60 % des volumes qui sont certifiés AB.

Qu’elle a été la réaction de Damien Gilles, le président du Syndicat Général ?

« Je pense que vous avez raison et je me demande même pourquoi vous ne l’avez pas fait avant », nous a t-il dit.

Terre de vins a aimé

Domaine Lespina Oculus rouge 2023 AB

La syrah domine sur le grenache. Les petits fruits rouges donnent une attaque acidulée, la syrah apporte les épices et les notes de zan. Les tanins sont généreux.

18€

Cave des Vignerons d’Estézargues Domaine La Coudette rouge 2023 AB

Un nature floral, aux arômes de rose ancienne, de pivoine capiteuse et de cassis. L’attaque est séveuse, la bouche salivante avec une touche acidulée, apportant de la fraîcheur sur de jolis tanins enrobés.
7,70€