Jeudi 26 Décembre 2024
Photo : Foucha Dehrines
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Date
02.12.2021
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Le Salon International des TEchniques VIticoles (SITEVI) s’est tenu ces 30 novembre, 1 et 2 décembre à Montpellier. Le matériel et les techniques de la vigne et du vin sont au rendez-vous, des tracteurs aux levures et jusqu’aux bouchons (de liège, de verre, de synthèse, à vis…). Et le développement durable s’invite partout.
En quelques années, le salon SITEVI a bien changé : il fut un temps, bien révolu, où on y entendait beaucoup parler des tigres dans les moteurs des tracteurs, des bouteilles les plus lourdes, des produits les plus puissants... Le salon a évolué avec son époque : la présentation des équipements de détection et de travail de précision connectés dans les allées est complétée par un programme de conférences et d’ateliers pointus sur le sujet du développement durable. On y présente les dernières avancées scientifiques, on y construit aussi, en concertation, un avenir moins sombre. Après des mois très difficiles à tous points de vue, dans un contexte de hausse des prix des matières sèches qui plombe encore le moral des vignerons, on a trouvé dans ces retrouvailles et ces échanges de l’énergie pour avancer.
Pacte Vert : la Région Occitanie s’engage dans l’agriculture durable
“L’agriculture en général (et la viticulture en particulier) est la première activité créatrice de valeur d’Occitanie, devant le tourisme et l’aéronautique” a rappelé René Moreno, conseiller régional délégué à l’Agriculture, l’Agroalimentaire et la Viticulture, insistant sur la volonté politique de la région de mettre des moyens au service de la transition de l’agriculture et de l’alimentation.
La Région lance des Contrats Agriculture Durable expérimentés en 2021 dans six territoires tests avec une soixantaine d’agriculteurs, pour accompagner leur transition agro-écologique avec un suivi et une obligation de résultats dans l’obtention de labels et la mise en œuvre de pratiques, contre un financement régional de ces efforts.
Les précurseurs des Contrats Agriculture Durable (la démarche sera élargie à tout le territoire régional en 2022 dans la perspective de la PAC 2023), beaucoup de structures collectives et notamment, pour la viticulture, de caves coopératives comme la Cave Anne de Joyeuse venue présenter le dispositif mis en pratique dès cette année. On commence par un état des lieux, on continue avec la définition d’objectifs et d’indicateurs de progression, on élabore un plan d’investissement et de changement des pratiques et on agit jusqu’à l’évaluation finale de l’atteinte, ou non, des objectifs fixés au départ, qui conditionne le versement de l’aide régionale d’une année sur l’autre et sur les trois ans de la durée du contrat.
“Nous avons bénéficié de trois jours d’accompagnement par un expert de la région. Le financement nous a permis de recruter un technicien en charge des certifications collectives et en particulier de la norme HVE”, précise Guillaume Vaysse, le responsable technique de la cave,”mais aussi de démarches transversales aussi variées que le diagnostic énergétique, le bilan carbone, la revégétation des berges et le travail avec l’Agence de l’eau car le territoire de notre cave couvre tout l’amont de la rivière Aude, de Quillan à Carcassonne où une zone de captage alimente la consommation des 60 000 habitants de Carcassonne”.
Objectif atteint pour la progression de la norme HVE adoptée par 230 exploitants pour 2700 hectares sur les 340 exploitants et 3000 hectares que comptent la cave. La progression des labellisés bio n’a pas atteint les objectifs (le millésime n’a facilité les choses pour personnes) mais elle est significative : 165 hectares et 19 exploitations sont désormais en bio et/ou en conversion avec un coup d’accélérateur prévu pour 2022. “La démarche de concertation, la mise à jour du management et des outils de suivi ont été des valeurs ajoutées non négligeables du contrat et qui sont dans l’ADN de la coopération”, précise Guillaume Vaysse.
HVE : objectif 100 % pour les caves coopératives d’Occitanie
La coopération viticole dans son ensemble s’est engagée très fort dans le développement durable et le SITEVI a été l’occasion de le montrer avec la remise des Trophées HVE Coop de France (sur 24 trophées, 6 étaient attribués à des caves coopératives occitanes). 70 % des caves coopératives d’Occitanie sont à l’heure actuelle, en tout ou partie en HVE avec un objectif à 100 % soutenu par une convention avec la Chambre d’Agriculture pour l’accompagnement des caves.
Face au changement climatique : des ateliers participatifs
Le groupe de travail de la filière viticole face au changement climatique rassemble des représentants de l’INAO, de FranceAgriMer, de l’INRAE et de l’IFV. La présentation des avancées des meta-projets, en particulier le projet LACCAVE pour mesurer le changement climatique, contribuer à son atténuation et adapter le vignoble et les pratiques oenologiques, sont des rendez-vous incontournables. Mais cette année l’INRAE et l’IFV ont ajouté des ateliers quotidiens. Pendant 45 minutes, le public était divisé en trois groupes et réfléchissait sur trois domaines d’actions : Améliorer la connaissance des zones viticoles, Agir sur les conditions de production, Favoriser un matériel végétal adapté, le mardi 30 novembre; Agir sur les pratiques œnologiques, Evolutions des marchés et garantie de production, Recherche, développement, transfert, formation, le mercredi 1er décembre et enfin, le jeudi 2 Décembre : l’atténuation du changement climatique : en viticulture, en œnologie, en matière de conditionnement & de transport.
Les échanges dans les groupes très hétéroclites, composés d’étudiants, de chercheurs, de professionnels du matériel, de vignerons, de consultants viti et/ou oeno (et parfois de journalistes), étaient particulièrement riches car passant de la théorie à la pratique la plus immédiate. Résultats à suivre sur la plateforme en ligne Vineas développée par l’INRAE et le CIRAD et qui a donné rendez-vous aux participants pour poursuivre ces échanges au-delà de ces trois journées du salon.
Pour un vignoble durable, des vignes en bonne santé
Atelier marquant car le gel, la grêle et la COVID nous ont fait oublier d’autres viroses : celles qui touchent la vigne et menacent sa survie, car les vignerons vivent aussi dans la crainte du prochain phylloxera. On a désigné la flavescence dorée comme risquant d’être cette peste ; il faut savoir que les maladies du bois en général causent une perte évaluée à 2 milliards d’euros par an à la filière. Un Plan National Dépérissement de la Vigne est déployé depuis quatre ans et verra son renouvellement l’an prochain ; il a jusqu’ici permis de déployer 30 programmes de recherche, 110 équipes de recherche pour un budget de 13,5 millions d’euros. Une conférence passionnante a présenté les avancées en terme d’imagerie pour des diagnostic non-invasifs de l’état de santé des plans de vignes, mais aussi d’identification de nouvelles menaces comme le GPGV (GrapeVine Pinot Gris Virus), un virus apparu sur des pinots gris en Italie du Nord, qui touche d’autres cépages mais ne développe de symptômes que dans des conditions à éclaircir.
Le PND a permis la mise en place de dispositifs de plus de 100 formations par an à la taille durable et à la taille curative (comme la taille poussard contre l’esca) avec une formation en ligne qui a reçu le Prix de l’OIV 2020.
En outre, la pépinière viticole française s’est mobilisée, avec la marque Vitipep’s, label origine France, dont le cahier des charges qualité évolue avec les résultats des recherches initiées dans le cadre du PND dans un effort de garantie sanitaire des plants de vigne qui fédère 350 adhérents soit 80 % de la production nationale.
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