Samedi 21 Décembre 2024
Le millésime a été éprouvant en Rhône nord, mais les vendanges annocent un cru 2024 très prometteur. ©F. Hermine
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23.10.2024
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2024 devrait être un très bon millésime en Rhône nord, mais il a nécessité une grosse charge de travail et généré beaucoup d’inquiétudes.
« C’est un millésime surprenant, mais qui nous a usés et beaucoup challengés, reconnaît Michaël Gerin, président de l’appellation côte-rôtie. Fin juillet, nous n’étions pas très optimistes, mais trois semaines de soleil en août et un vent du nord très froid début septembre nous ont apporté de la concentration, du fruit et de la couleur pour faire un très joli millésime avec un peu plus d’acidité que d’habitude, du mordant et du caractère. » La tâche n’a toutefois pas été facile, car les vignerons ont reçu plus de 1000 mm de pluies depuis avril, un record, qui a rogné les rendements qui devraient avoisiner les 30 hl/ha à cause d’une petite pression de mildiou, mais surtout d’une mauvaise floraison.
« On n’a pas arrêté de tondre, d’écimer, de passer à la débroussailleuse et à la pioche avec davantage de traitements. On a eu un peu moins de raisins et des coûts de production plus élevés, mais au final, ce sera un beau millésime vendangé mi-septembre, juste avant que les pluies ne dégradent l’état sanitaire. Il n’a pas fallu trainer, tout a été rentré en une dizaine de jours et finalement tout le monde semble ravi de la qualité. » Les pluies semblent avoir repris de plus belle à la mi-octobre puisque le secteur autour de Chavanay a reçu plus de 100 mm de pluies en quelques heures le 17 octobre.
« Il y a eu quelques éboulements et les sols sont gorgés d’eau. Dans ces moments-là, on est content qu’il y ait de moins en moins de désherbage dans les vignes et d’avoir passé du temps à restaurer les murets des coteaux », conclut Michaël Gerin.
« C’est sûr, ce sera un grand millésime à truffes, ironise Maxime Chapoutier de la maison éponyme. On battra sûrement les records de pluviométrie après 2022 qui avait battu le record de sécheresse. Le millésime a été éprouvant, obligeant une vigilance constante avec plus de précision et une forte intensité de travail. Il impliquait également une maîtrise des charges avec moins de grappes par pied pour pousser les maturités sans blocages. Et c’est d’ailleurs ce qui a payé : les maturités sont abouties, contrairement à 2021, 2022 et 2023, avec de grosses acidités que l’on n’avait pas vues depuis 2013-2014, mais qui génèrent de la fraîcheur. »
Les volumes s’annoncent hétérogènes selon les secteurs et les appellations, avec sans doute une perte de rendements de l’ordre de 20 à 30 % sur les blancs, plus sensibles au mildiou. « Au final, c’est un soulagement à la surprise générale, avoue Maxime. Le millésime en rouge est équilibré par la concentration et l’intensité aromatique. Il est très prometteur sur les sols granitiques drainants de Saint-Joseph et sur l’Hermitage. »
Même constat de soulagement un peu plus bas sur Cornas et Saint-Péray par Laurent Courbis, du domaine éponyme, qui se satisfait également du millésime. « Heureusement que le mois d’août a assaini les raisins qui n’ont pas nécessité de tri. Nous n’avons eu ni gel ni grêle cette année, mais on a passé beaucoup de temps entre avril et juillet en traitements dans le vignoble. » À 33-35 hl/ha en moyenne, un peu moins que d’habitude, le vigneron de Châteaubourg estime que « c’est un beau millésime, sain, bien équilibré, avec de la fraîcheur, du croquant et de belles couleurs. Et ça goûte bien. »
Les résultats sont comparables dans le sud de l’appellation saint-joseph et en crozes-hermitage. Chez Delas où les derniers coups de sécateur ont été donnés le 1ᵉʳ octobre, on s’attend même à un millésime exceptionnel, mais avec des rendements assez faibles dus à la météo capricieuse. « Le 2024 nous laisse entrevoir un joli millésime aromatique, frais et équilibré, avec une structure tannique de belle concentration. »
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