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Stéphane De Groodt : « Un grand vin arrête le temps »

Auteur

Mathieu
Doumenge

Date

11.09.2018

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Le 17 octobre, l’auteur, humoriste et acteur Stéphane De Groodt sera à l’affiche du film « Le Jeu » de Fred Cavayé. En attendant, ce grand amateur de vin est en couverture du n°55 de « Terre de vins ». De passage au château Pédesclaux (Pauillac) en juillet dernier, à l’occasion du festival Les Vendanges du 7ème art, il nous avait accordé un long entretien dans lequel il nous confiait ses goûts et sa conception du vin. Extraits.

Quelle est votre histoire avec le vin ?
Je pense que le vin, c’est d’abord une affaire d’apprentissage. On n’apprécie pas le vin de manière innocente : il y a toujours quelqu’un qui vous initie, qui vous ouvre la porte d’entrée. C’est un peu comme un tableau, parfois il faut du temps pour le comprendre, comprendre pourquoi on l’aime, apprendre à le comparer… Mes parents ont toujours bu du vin (dans un registre assez classique) mais pour ma part la révélation est venue assez tard – dans mon ancienne vie de pilote de course, je ne buvais pratiquement pas. C’est une rencontre particulière avec un vin qui m’a amené à me dire : « Ça peut donc être ça ! » J’avais la trentaine, ma femme s’intéressait au vin et c’est avec elle que j’ai commencé à vraiment l’apprécier. Le déclic est venu d’un bourgogne blanc, un meursault de Coche-Dury dégusté au restaurant La Grenouillère, près du Touquet.

Comment ont évolué vos goûts ?
J’ai beaucoup fonctionné par périodes. Ayant commencé par les blancs, j’ai pris le temps de savoir ce que j’aimais. Puis, avec l’expérience, je suis allé vers d’autres vins. Je suis zappeur, mais je me rends compte que mon palais revient toujours vers certaines régions, certaines couleurs. J’ai toujours tendance à démarrer une soirée avec un blanc, de préférence un chardonnay bourguignon. Mais j’apprécie aussi certains blancs en Pessac-Léognan ou dans les Graves, comme Carbonnieux ou la cuvée Caroline de Chantegrive. J’aime certains rosés, ceux qui sont sur la finesse et la clarté, par exemple un château Sainte-Marguerite en Provence. En rouge, mes préférences ont évolué. Je me suis pris de passion pour le Rhône – notamment les syrahs du Nord, celles de Louis Chèze ou Jean-Paul Jamet. J’aime beaucoup le Languedoc, comme les vins de Marlène Soria au Domaine Peyre Rose. François Berléand m’a fait découvrir le Domaine Puech-Haut, que j’aime depuis faire goûter à mes amis. C’est un rapport qualité-prix remarquable, et ça aussi c’est important : le prix délirant qu’atteignent certains vins est problématique ; on s’attend à boire quelque chose d’irraisonnable, et ce n’est malheureusement pas toujours le cas.

C’est quoi pour vous, un grand vin ?
Un grand vin, c’est un vin qui arrête le temps. Il immobilise le moment, fixe les souvenirs, change l’ordre des choses et se rappelle à vous. Ce n’est surtout pas le prix ni l’étiquette. C’est le temps.

Quel acheteur de vin êtes-vous ?
Je suis totalement compulsif. C’est comme pour les livres, je les achète, ils s’empilent – je me dis que je les lirai bien un jour. Et le vin, c’est pareil. J’achète beaucoup sur Internet, de temps en temps chez les cavistes. Avant, je faisais les foires aux vins, mais moins aujourd’hui, car mes recherches tendent à être plus ciblées. L’autre jour, j’ai passé une heure sur mon ordinateur à chercher un vin dont on m’avait parlé, La Porte du Ciel du Château La Négly. Dans le même ordre d’idées, je suis sur Instagram un importateur belge de vins nature qui m’a donné envie de découvrir le Domaine Mazière, également dans le Languedoc. J’étais en tournée de théâtre en province, dans l’heure qui a suivi j’ai trouvé un caviste et je suis allé lui demander s’il avait ce vin. Il ne voulait pas « le vendre à n’importe qui », j’ai réussi à le convaincre de m’en vendre une caisse de blanc et une caisse de rouge. J’en ai profité pour lui acheter du Clos Rougeard, qu’un ami m’a fait découvrir il y a quelques années.

Retrouvez l’intégralité de cet entretien dans « Terre de vins » n°55, actuellement en kiosques.