Dimanche 22 Décembre 2024
Vincent Videau, au château La Branne (Cru Bourgeois Supérieur)
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28.05.2024
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Le moment de passer le flambeau dans une entreprise familiale peut susciter son lot d'inquiétudes. Pourtant, certains fils et filles se lancent aujourd'hui en Médoc dans cette aventure avec confiance.
Dotés d'une vision claire, d'un diagnostic précis, d'idées novatrices, et souvent d’un parcours à l’international, ils considèrent le château comme une entreprise dynamique et épanouissante dans laquelle ils peuvent se projeter et exprimer leurs compétences. La transition générationnelle se fait en douceur, privilégiant le dialogue et la confiance. Tous partagent un profond respect du travail accompli par leurs parents et témoignent d’un attachement au patrimoine transmis. Ils incarnent la mutation des Crus Bourgeois vers des vins plus accessibles, souples et fruités, adaptés aux préférences des consommateurs. Voici les portraits de Vincent, Elise et Eléonore, trois jeunes viticulteurs talentueux.
Vincent Videau, au château La Branne (Cru Bourgeois Supérieur), à Bégadan, incarne à la fois un esprit rationnel et l'audace. L'aventure démarre en 1999, avec seulement 2 hectares de vignes dont la production était alors livrée à la coopérative locale. Aujourd'hui, à 27 ans, Vincent gère avec lucidité les 34 hectares de vignes. Son parcours reflète sa curiosité et sa passion pour le vin. Ayant arpenté les vignobles du Chili et de Nouvelle-Zélande, et un BTS viti-oeno en poche, il revient avec quelques ambitions. D’abord, « Augmenter l’export et le fichier clients particuliers ». Puis, conscient des atouts de la proximité de l'océan, il mise sur la diversification « en faisant des animations dans les gros campings et en accueillant les camping-cars sur la propriété ». L'avenir s'annonce prometteur, avec des projets de plantation de cépages blancs et d'aménagement d’infrastructures pour un meilleur accueil des camping-cars afin de répondre aux attentes des clients.
Elise Uijttewaal, à Queyrac, à la tête des châteaux Saint-Hilaire (Cru Bourgeois Supérieur) et Gémeillan, fait brillamment fructifier l’expérience familiale et innove. Issue d'une famille d’éleveurs venue de la Haute-Vienne pour s'installer dans le Médoc, elle a suivi des études d'ingénieures en agriculture émaillées de stages enrichissants au Canada et aux États-Unis. Elise prend les rênes d'un domaine de 110 hectares de prairies sur lesquelles vivent 180 blondes d’Aquitaine et de 25 hectares de vignes. Sa vision est très claire. Elle a une approche ouverte du négoce : « je ne suis pas pour une confrontation systématique et chacun doit pouvoir travailler ». Elle souhaite dynamiser la commercialisation en valorisant, elle aussi, le contact direct avec les consommateurs, notamment les vacanciers de la côte. Elle croit en la diversification et mise sur l'œnotourisme évènementiel ainsi que la communication digitale pour accroître la notoriété de ses vins et son fichier clients. « J’aime les challenges. Je m’ennuirais dans une activité sans risques ».
Eléonore Pairault, au Château Corconnac (Cru Bourgeois) à Saint-Laurent-Médoc, incarne une continuité dans le succès. Après des études de droit et une formation en management des vins et spiritueux, elle prend les rênes d'un domaine familial de 8,5 hectares en Haut-Médoc. Son objectif : « fidéliser une équipe compétente » et « développer la part de marché des cavistes », tout en restant engagée dans l'Alliance des crus bourgeois où elle fait partie de la commission communication. Consciente des tendances du marché et de la notoriété croissante des blancs du Médoc, elle mise sur la « replantation en cépage sauvignon blanc tout en augmentant sa surface » pour diversifier son offre et répondre aux attentes des consommateurs. Pour elle aussi, « l’utilisation des réseaux sociaux est indispensable » pour booster la notoriété du château.
À travers ces portraits emblématiques, c'est tout un pan de la mutation des crus bourgeois du Médoc qui se révèle, portée par la passion, l'engagement et la foi en l’avenir de ces jeunes viticulteurs. Tous les vins dégustés incarnaient ce nouveau profil des Crus Bourgeois, avec des jus bien travaillés, des tanins soyeux, un fruit davantage perceptible, et de la fraicheur. Doté d’une trame tannique souple, il est nul besoin d’attendre des années avant qu’ils soient buvables. Leur rapport qualité prix est plus qu’intéressant.
Château La Branne et Château Saint-Hilaire seront présents au festival Good Wines Only le 13 juin de 18 h à 22 h au restaurant La Belle Saison à Bordeaux. Vous pouvez encore réserver votre entrée.
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