Dimanche 17 Novembre 2024
Thomas Boudat dans les vignes ©Lili Renée
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Date
05.08.2024
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Cycliste au palmarès déjà pléthorique, Thomas Boudat s’apprête à vivre, à 30 ans, son plus grand rêve sportif en participant aux Jeux Olympiques de Paris. Après quoi, il prendra sa retraite… pour devenir vigneron, rejoignant l’exploitation familiale basée dans l’Entre-deux-Mers.
Dans le journalisme, dans la viticulture comme dans le sport de haut niveau, c’est souvent le timing qui fait la différence. En cette fin de mois de mai où nous le rencontrons, Thomas Boudat s’accorde tout juste quelques jours de repos au domaine familial, situé à Mourens en Gironde. Entre l’annonce officielle de sa sélection pour les Jeux Olympiques de Paris 2024 et la dernière ligne droite de sa préparation ultra rigoureuse avant les épreuves de cyclisme qui l’attendent, entre aujourd'hui et le 10 août, la fenêtre de tir était serrée pour qu’il nous accorde cet entretien. Mais le timing s’est finalement révélé parfait – y compris côté météo pour la photo – et il est permis d’y voir un signe : cet été, Thomas va relever le plus grand défi pouvant se présenter à un sportif de haut niveau, celui de défendre les couleurs de son pays à domicile, à Paris, pour décrocher un titre olympique. « C’est une fierté, un honneur, c’est le Graal », nous dit-il. « On ne va pas aux JO pour participer, on y va pour gagner. C’est une immense motivation, des années de travail y compris sur le plan mental, l’aboutissement d’un parcours sportif. »
Des sacres et des titres, Thomas Boudat en a déjà récolté un grand nombre. Voilà plus de dix ans qu’il donne tout à sa carrière de cycliste professionnel. Cinq fois champion d’Europe sur piste, une fois champion du monde d’omnium (course en six épreuves), 21 fois champion de France dans différentes disciplines, deux participations au Tour de France (2017, 2018), Thomas a connu les plus belles émotions et les plus grands succès. Quelques revers, aussi, comme sa cinquième place aux JO de Rio en 2016, alors qu’il arrivait en favori. Ainsi va la vie d’un champion.
Aujourd’hui, Thomas Boudat est sur le point de laisser tout cela derrière lui. Les longues heures d’entraînement, les chutes, les blessures, l’adrénaline de la compétition, le crève-cœur de la défaite et l’ivresse de la victoire. À 30 ans, il va prendre sa retraite sportive, au lendemain des JO de Paris, pour entamer sa deuxième vie, celle de vigneron. Et continuer d’écrire une histoire familiale qui a débuté en 1845. Lui, l’aîné de la sixième génération, s’apprête à rejoindre sa sœur Marion, 29 ans (maman d’une toute petite fille, septième génération en marche), et son frère Nicolas, 25 ans, qui travaillent déjà au côté de leurs parents, Françoise et Frédéric. Ce sont ces derniers qui, au début des années 1990, ont repris les rênes du vignoble et l’ont progressivement agrandi de 30 à 200 hectares. Du domaine initial dans l’Entre-deux-Mers, le château de Viaut, l’exploitation s’est étendue à Sainte-Croix-du-Mont (château Morange), aux Graves (château Haut-Gramons), puis plus récemment à Saint-Émilion (château La Confidence) et à Loupiac (château de Loupiac).
L’ensemble est réuni sous la bannière des vignobles Boudat-Cigana, ce second patronyme venant du côté maternel. Le grand-père de Thomas, Giuseppe Cigana alias Joseph Cigano – la faute étant dûe à un officier d’état civil peu méticuleux –, arrivait de Trévise et épousa une fille de viticulteurs. Sa passion des terroirs n’avait d’égal que son amour de la petite reine, qu’il transmit aux générations suivantes : « Mon grand-père m’a mis sur un vélo avant même que je sache marcher », se souvient Thomas Boudat. « Le vélo, c’est une affaire de famille, mon grand-père a fait le Tour de France, mon oncle aussi. À 19 ans, j’étais en école d’ingénieur, je suis allé voir mes parents en leur annonçant que j’avais une bonne et une mauvaise nouvelle : la mauvaise était que j’arrêtais mes études pour me consacrer au cyclisme professionnel ; la bonne était que j’envisageais par la suite de revenir au domaine travailler avec eux. »
L’idée est donc restée dans un coin de sa tête tout au long de sa carrière sportive, et aujourd’hui elle s’apprête à devenir réalité : Thomas va connaître, à la rentrée, ses premières vendanges officielles en famille. À lui la partie technique, à Marion la partie marketing, à Nicolas la partie commerciale. On n’est pas trop de trois pour faire tourner cette grande embarcation! À cet égard, la profondeur de gamme des vignobles Boudat-Cigana constitue un atout : rosé, clairet, liquoreux, différents profils de blancs secs et de rouges, micro-cuvées haut de gamme, la famille sait se diversifier. Et la nouvelle génération n’hésite pas à casser les codes en osant un « sweet rosé » assemblage de cabernet franc et de muscat de Hambourg, ainsi qu’un blanc moelleux (70 % sémillon 30 % gros manseng), en Vin de France, sous l’étiquette La Dame de Viaut. D’autres idées sont déjà dans les tuyaux, comme un projet d’œnotourisme et de restauration à Sainte-Croix-du-Mont. En guise d’amuse-gueule, un millier d'amateurs devraient participer, le 20 octobre, à la troisième édition de « la Thomas Boudat », une randonnée cycliste et pédestre dans les vignes. Si l'or olympique venait à s’y ajouter, la fête n’en serait que plus belle.
Rosé ou clairet, cet été pourquoi choisir ? Ici le savoir-faire se décline dans toutes les couleurs. Illustration avec le rosé 100 % cabernet franc, joliment tendu, déclinant fleur blanche, pêche de vigne et clémentine, tonique et salivant. Mais aussi avec le clairet à la belle couleur intense, 40 % cabernet sauvignon, 40 % cabernet franc et 20 % merlot, une petite bombe de fruit où s’impose la framboise, équilibré entre la gourmandise et la vinosité. Ces deux cuvées sont à 4,90 €, soit un rapport qualité-prix désarmant.
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