Jeudi 26 Décembre 2024
L’équipe d’Inter Rhône : le président P. Pellaton entouré de ses deux vice-présidents, D. Guthmuller (à gauche) et S. Montgermon (à droite) ©F. Hermine
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04.04.2023
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La 12ème édition du salon professionnel Découvertes en vallée du Rhône était l’occasion pour Inter Rhône de présenter le bilan économique 2022, très contrasté.
« Nous restons un grand producteur de rouge, mais nous devons retravailler les profils de nos vins, notamment pour gagner des parts de marché à l’international » affirme Philippe Pellaton, le président d’Inter Rhône. Car si la couleur pèse toujours 76 % des volumes, elle est en net recul, particulièrement en grande distribution en France. Ce circuit enregistre un total de ventes de 125 millions de bouteilles et reste le premier débouché des vins du Rhône (38 % de parts de marché contre 26 % en secteur traditionnel) mais il est à la peine, les rouges génériques perdant des consommateurs réguliers depuis plusieurs années tandis que les rosés sont stables et les blancs progressent. La forte présence des vins du Rhône chez les cavistes avec un taux de pénétration de 98,5 %, et en restauration où ils restent la première région de diffusion (à la carte de 78 % des établissements) ne compensera pas le dévissage en GD. « Il n’est pas question d’abandonner les rouges et nous ambitionnons même de devenir la plus grande région de rouges AOP sans défaut, insiste Philippe Pellaton. Mais si nous avons longtemps été à plus de 80 % de rouges dans la vallée du Rhône, nous aimerions descendre à 65-70 % pour aller chercher des parts de marché qui nous tendent les bras sur les rosés mais surtout sur les blancs et même les effervescents, pour diversifier l’offre ».
Redéfinir le profil des rouges
Reste à définir de nouveaux profils correspondant aux attentes des consommateurs, surtout pour gagner de nouveaux marchés à l’international, « ce ne seront pas des adaptations à la marge sans changement de cépages, mais plutôt des réflexions sur les dates de récolte pour de meilleures maturités, sur les méthodes de vinification, précise Denis Guthmuller, président du syndicat des Côtes-du-Rhône. Il ne doit plus y avoir des vins légers en sous-maturité, mais il faut assumer des vins méridionaux bien maîtrisés sans astringence, avec de la buvabilite et de la couleur, marqués par des grenaches bien mûrs. »
La filière doit se préoccuper de trouver des débouchés aux volumes qui ne sont plus pris en charge par les négociants vraqueurs, en voie de disparition. Ils géraient 380 000 hl il y a dix ans, 80 000 aujourd’hui. La liquidation de la maison Raphaël Michel n’a fait qu’aggraver la situation et le nouveau négoce a d’autres exigences. La premiumisation passera sans doute par une hausse qualitative, mais aussi par la dynamique de la production sous label environnemental, en progression constante.
Des objectifs ambitieux à l’export
Après une belle reprise en 2021, la commercialisation s’est révélée très contrastée en 2022 avec un global de 2,47 M hl, à - 6 %, les appellations régionales étant à la peine (Côtes-du-Rhône, Ventoux, Costières de Nîmes...) tandis que « les crus ne connaissent pas la crise » (avec des hausses notables en Saint-Joseph, Crozes-Hermitage et Gigondas) et que les Villages en noms de commune affichent aussi une belle progression. Inter Rhône attend donc beaucoup de l’export, en baisse de volumes, mais mieux valorisé (118 millions de bouteilles pour un chiffre d’affaires de 590 M€). « Les expéditions subissent malheureusement les répercussions des problèmes d’approvisionnement en matières sèches et de disponibilités de conteneurs » précise Samuel Montgermont, président du négoce.
Les ventes à l’export ont été réalisées en 2022 à 60 % par les côtes-du-rhône, 20 % par les crus (qui accaparent 40 % en valeur). Les deux tiers des expéditions partent en Europe (surtout en Belgique et Grande-Bretagne), 23 % en Amérique du Nord (avec les États-Unis en tête des marchés en valeur). L’Allemagne et le Japon affichent une belle reprise. « Nous allons continuer à investir sur les marchés français et européens, mais en rajoutant des moyens supplémentaires (un enveloppe de 14 M€) en Amérique du Nord, en Chine, à Singapour, en Corée, détaille Philippe Pellaton. Nous avons fait un choix courageux, celui de mobiliser des fonds pour la promotion à long terme et pour embarquer les entreprises à l’international. Nous devons les aider à chasser en meute en allant à la rencontre directe des marchés et pas seulement investir dans l’affichage et les réseaux sociaux. » Une petite révolution en interne qui vise à booster l’export avec, pour objectif, de le faire passer de 36 à 50 % pour être moins tributaire de la grande distribution française.
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