Jeudi 12 Décembre 2024
©H. Clemens
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Date
29.01.2024
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Aujourd’hui on peut affirmer que la plupart des AOP ou IGP du Sud-Ouest assoient leur singularité sur un patrimoine ampélographique largement réapproprié et fer de lance de leur communication. Fronton et Gaillac, toutes les deux détentrices de cépages endémiques, questionnent les voies à emprunter pour dessiner un vin identitaire et repérable, entre assemblage ou production valorisant le mono-cépage.
Fronton, hors négrette point de salut ?
Le retour en grâce de la négrette, s’il ne date pas d’aujourd’hui, montre indéniablement un intérêt croissant auprès de la quarantaine de domaines indépendants du frontonnais pour ce cépage distinctif et puissamment différenciateur. D’autant qu’il semble acquis que ce cépage autochtone pourpre et particulièrement aromatique coche aujourd’hui un certain nombre de cases pour cavistes, bistrotiers et restaurateurs en mal de vins gourmands de lieu ou comme le dit Jérôme Gagnez, de canons de comptoir très bien fait et tout à fait originaux. La prise en compte de l’importance de ce patrimoine ampélographique a d’ailleurs occasionné chez certaines vigneronnes et certains vignerons de Fronton l’impérieuse nécessité de créer, à l’initiative de Frédéric Ribes, le Collectif Négrette en 2019. Il regroupe une dizaine de vignerons qui se sont réunis pour mettre en avant le cépage identitaire de l’AOP après avoir identifié avec l’IFV les terroirs les plus intéressants. On imagine qu’il encourage les bonnes pratiques pour révéler la grandeur et la singularité de ce cépage qu’il soit élevé en barrique, en cuve ou en amphore. La dégustation réunissait des vins issus de négrette et des vins d’assemblage issus de négrette et, selon, de cabernet franc, cabernet sauvignon, gamay ou syrah. Si, une certaine impatience, habitait les dégustateurs, réunis dans la grande salle en sous-sol de la Maison des Vins de Fronton, à l’idée de retrouver la négrette, on a pu souligner la qualité globale des 52 vins dégustés, dont quelques Vins de France et une poignée d’intéressants blancs de Bouysselet, aspirant sérieux à la qualification d’AOP Fronton blanc. Il en est ressorti que l’association du grand cépage local avec la syrah ou encore le cabernet sauvignon s’avéra souvent judicieuse et très équilibrante. Loin de tirer un enseignement définitif, force est de constater que le caractère (bien) trempé de la négrette convenait aux dits cépages et que les traits distinctifs du local de l’étape était même souvent réhaussés par les cépages complémentaires. On pourra cependant parier sur le fait qu’un apport plus mesuré du bois permettra l’émergence de grandes cuvées issu de la belle et seule négrette.
Coups de cœur Terre de vins
(*) La moyenne des prix des bouteilles s’établissait autour de 13 euros TTC, avec des prix compris entre 6 et 23,5€.
Gaillac à la quête des vins de lieux
La dégustation sise dans la belle bâtisse rose et bruissante d’un Tarn tout proche aura révélé la voie royale que constitue pour les dynamiques AOP Gaillac et IGP Côtes du Tarn la réappropriation du patrimoine ampélographique du gaillacois. Une palette aussi large que passionnante tant cette « bibliothèque » offre de lectures possibles des différents terroirs pour les 300 exploitations ou domaines. Vous retrouverez chez de nombreux vignerons, souvent également présents dans l’association Terres de Gaillac, un engagement jubilatoire pour promouvoir en blanc le loin de l’œil, l’ondenc, le mauzac ou encore en rouge le braucol (ou fer servadou), le duras ou le prunelart. Les « universels » gamay ou merlot semblent désormais connaitre un certain désamour. Une mosaïque de singularités qui fait aujourd’hui tout l’intérêt des AOP Gaillac ou Gaillac Premières Côtes et de l’IGP Côtes du Tarn présentent sur ce territoire de terrasses, de coteaux, de plateaux et de plaines d’une superficie de 6 800 hectares. La force d’une AOP réside bien entendu dans sa compréhension des terroirs pour leurs associer les bons cépages. A la suite de l’emblématique Robert Plageoles et aujourd’hui dans le sillage de Terres de Gaillac, les gaillacoises et les gaillacois travaillent à cette adéquation pour livrer des vins parfaitement identitaires. La vérité de la dégustation des 94 cuvées, dont 30% provenait de mono-cépage locaux, démontra l’étendue des possibles en blanc sec, en moelleux comme en rouge (*). Parmi les cuvées qui retenaient notre attention une large majorité provenait de mono-cépage avec un large plébiscite du braucol, souvent associé à la syrah et en blanc du loin de l’œil parfois associé au mauzac. Des vinifications, des extractions et des élevages adaptés ont largement rebattu les cartes de l’AOP permettant l’émergence de vins de lieu distinct, aux marqueurs ampélographiques parfaitement identifiables. On ne peut que se réjouir de cette Histoire – plusieurs fois millénaires, dit-on - en train de se réécrire !
Coups de cœur Terre de vins
(*) Les prix des vins dégustés allaient de 6,50 à 23,50 (nous ne tiendrons pas compte du vin de voile à plus 50€) pour une moyenne située aux alentours de 13 euros.
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