Jeudi 21 Novembre 2024
©Domaine Barmès Buecher
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Date
20.10.2023
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Avec sa multiplicité de cépages, l’Alsace vendange toujours plus longtemps que les autres vignobles. A l’exception de quelques parcelles réservées aux vendanges tardives, la récolte se termine bien à la mi-ocobre, avec les gewurztraminers les plus tardifs sur les grands crus.
« Riesling et pinot noir magnifiques » s’exclame Valérie Beyer en évoquant une récolte satisfaisante sur le domaine familial Emile Beyer à Eguisheim (Haut-Rhin). Il y a du volume, en particulier pour les crémants. Mais les lieux-dits et les grands crus auront comme toujours un petit rendement, moins de 30 hl/ha et même 25 pour les pinots noirs. Pour d’éventuelles vendanges tardives (VT), on a gardé trois parcelles de 30 ares en pinot gris et gewurztraminer sur lesquelles les vendangeurs sont déjà passés pour éliminer les grains verts qui ne muriraient pas et ceux qui ne pourraient pas attendre. Les dernières VT datent de 2018. En revanche, pas de vendanges tardives en vue au domaine Boehler à Molsheim (Bas-Rhin). Julien Bohler en a fait en 2022 et trouve qu’il faisait trop chaud cette année, 25 degrés et plus. Pour lui il faut des nuits fraîches pour faire des VT de qualité. Il est globalement très content, avec un petit bémol sur le pinot noir, dont il espérait plus de de structure, surtout après le fantastique 2022. L’acidité est un peu basse sur le riesling mais il trouve qu’il y a « beaucoup de mâche et de volume, les sels minéraux vont compenser l’acidité relativement basse et donner de la salinité ».
Du travail et du tri à la vendange
La vendange a commencé le 23 août, en particulier pour le crémant. Alain Renou, directeur du SYNVIRA, Syndicat des vignerons indépendants d’Alsace, se rappelle : « Il faisait très chaud et il y avait des parcelles mûres après un début d’août maussade puis il y a eu la grosse pluie du 26 août. On s’est dit qu’on allait perdre la vendange. Ca a fait gonfler, ça a bloqué des maturités et provoqué un peu de piqure acétique ». Finalement il a fait très chaud et sec et « en dépit de rendements importants, ça a fini par mûrir » poursuit-il. Il y a eu beaucoup de travail, beaucoup de tri. Heureusement qu’il faisait beau tous les jours et que les vignerons ont pu prendre leur temps.
Récolte généreuse et tri indispensable
L’estimation de la récolte est autour de 980 000 hl, c’est-à-dire un peu plus que ce qui était prévu – et à peu près les volumes qui sont commercialisés. Maxence Kligenstein, chargé de mission au pôle technique du CIVA, Comité interprofessionnel des vins d’Alsace, résume une saison qui a fait peur, dès le printemps chaud, sec et venteux. Pas de mildiou mais un record d’oïdium, qui a forcé les vignerons à traiter en cadence. On l’a retrouvé parfois aux vendanges, avec un éclatement des baies et de la pourriture en conséquence. Le bon moment pour vendanger était crucial car il fallait attendre, pour le riesling en particulier qui s’était bloqué, mais il ne fallait pas trop attendre. Le maître mot de 2023 est le tri. Et le volume conséquent de la récolte a permis de le faire sans que le rendement final en pâtisse.
Vendanges tardives ou pas ?
A l’Association des viticulteurs d’Alsace (AVA), Maxence Werck est le responsable qui suit les vendanges tardives. Pour l’instant le muscat d’Alsace démarre bien, plus que le muscat ottonel, ainsi que le gewurztraminer, avec des potentiels de 19°. « Le botrytis est installé malgré le sec, car il y a des secteurs où il a fait moins de 10° le matin avec 90% d’humidité » explique-t-il. A la mi-octobre, le service de l’AVA qui contrôle la qualité des raisins fait une vingtaine de visites par jour, mais le chiffre peut atteindre une centaine si les conditions s’accélèrent. Au domaine Schoffit de Colmar et Thann (Haut-Rhin), on a gardé 70 ares de pinot gris en attente pour faire des vendanges tardives. « Il n’y a pas vraiment de botrytis pour le moment, je le fais pour le plaisir et continuer la tradition » déclare Alexandre Schoffit, dont les dernières VT remontent aux millésimes 2016 à 2019. Il est content du millésime qu’il juge « délicat, sur le fruit et l’élégance. Il faudra l’élever sur lies pour donner du volume et du gras ».
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