Accueil Vendanges 2017 : entretien avec Vincent Bache-Gabrielsen

Vendanges 2017 : entretien avec Vincent Bache-Gabrielsen

Vincent Bache-Gabrielsen (à droite) en compagnie du scénariste de BD CORBEYRAN.

Auteur

Jean-Charles
Chapuzet

Date

29.09.2017

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La fin des vendanges approche. A chaud, « Terre de Vins » donne la parole à Vincent Bache-Gabrielsen, directeur des vignobles de Jacky Lorenzetti, les châteaux Pédesclaux (Grand Cru Classé 1855 de Pauillac) et Lilian-Ladouys (Saint-Estèphe).

D’abord, qu’en est-il des merlots ?
On a attaqué ce cépage le 18 septembre sur Pédesclaux et sur Lilian-Ladouys le 20. On venait d’essuyer une semaine pluvieuse qui nous a fait craindre de la dilution et finalement la venue de journées ensoleillées avec des nuits fraîches a permis une finalisation des maturations intéressantes. Au final, on a des tailles de baies relativement inférieures à celles de l’année dernière. C’est un point intéressant car en terme de structure et de couleur, on a des niveaux de concentration importants. C’est lié à des mois de juillet et août, certes couverts, mais peu pluvieux. Je rappelle que sur Lilian-Ladouys, nous avons un encépagement de merlot de 65% et on est à 43% sur Pédesclaux, c’est donc un cépage important sur les deux propriétés. Enfin, on a une très belle acidité cette année sur ce cépage avec davantage du fruit frais que du fruit mûr, donc de l’explosion et de la tension.

Et les cabernets sauvignons ?
On a commencé en début de semaine, c’est-à-dire le 25, et on va boucler ce vendredi, l’enjeu est de terminer avant les pluies prévues ce week-end. On a des cabernets sans végétal ce qui est remarquable sur un millésime médocain précoce. Là aussi, on a de belles acidités et des niveaux de sucre qui ne sont pas trop importants, on devrait finir entre 12,5 et 13. Globalement, on n’aura pas des vins lourds. Les niveaux maliques sont importants donc beaucoup de fraîcheur, autour de 2,5 grammes, ce qui donne un petit côté pomme granny smith qui devrait se fondre avec la fermentation malolactique. Nous sommes à 54% sur Pédesclaux et 30% sur Lilian-Ladouys.

Et les cépages complémentaires ?
Concernant le petit verdot, un cépage que j’affectionne particulièrement, ils sont très intéressants, on a récolté en fin de semaine dernière sur Pédesclaux et en début de semaine sur Lilian-Ladouys. Nous avons une belle couleur, de beaux tannins, les équilibres sont portés sur l’acidité mais qui aussi se fondra avec la fermentation malolactique. Le cabernet franc est très aromatique cette année, les acidités sont encore assez fortes ce qui donnent aux cabernets francs un vrai plus, c’est une carte à jouer sur 2017. Ces deux cépages représentent de faibles pourcentages mais restent importants dans le détail de l’assemblage.

A final, comment décrire 2017 ?
Nous allons probablement avoir de belles structures, une belle fraîcheur, du fruit frais, de la framboise. La matière sera présente, elle sera légèrement aiguisée au niveau des cabernets sauvignons et c’est un avantage pour nous car nous avons beaucoup de merlots dont la rondeur va venir temporiser l’ensemble. La fraîcheur et l’acidité ressemblent à 2015 sur les cabernets et plutôt 2016 sur les merlots. On faisait ce constat avec notre consultant Eric Boissenot qui trouvait de très belles amertumes dans ce 2017.

A l’occasion de cette interview, Vincent Bache-Gabrielsen a organisé une verticale, de 2009 à 2016, sur les deux châteaux, pour montrer, nonobstant les effets millésimes, les progrès réalisés aux vignobles ainsi que sur les installations techniques. L’évolution est très significative avec en point d’orgue un 2016 chez Pédesclaux qui l’installe dans la cour des grands à Pauillac.