Jeudi 19 Décembre 2024
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25.08.2022
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Les vendanges ont débuté le 20 août en Champagne. Elles s’annoncent d’une qualité extraordinaire, dans la lignée des trois grands millésimes 2018, 2019 et 2020.
Une qualité sanitaire irréprochable sur l’ensemble de l’appellation, de beaux rendements dont la moyenne se situe autour de 14.500 kilos, les Champenois peuvent avoir le sourire ! Même les conditions météorologiques de la cueillette devraient être optimales puisqu’on annonce des températures en journée entre 25 et 30 degrés et des nuits fraîches. Le rendement commercialisable a été fixé en juillet à 12.000 kilos/hectare. Normalement, les vignerons peuvent rentrer jusqu’à 15.500 kilos pour compléter leurs réserves individuelles. Celles-ci ayant été sérieusement entamées par la mauvaise récolte de 2021 et compte tenu de la qualité et de la quantité de la récolte 2022, l’interprofession a demandé à l’INAO qu’ils puissent aller à titre exceptionnel jusqu’à 16.500 kilos.
On retiendra d’abord de ce millésime le caractère solaire. « Lorsque l’on reprend les insolations mensuelles de janvier à aujourd’hui, on est supérieur à la moyenne chaque mois. En juillet, nous avons même battu un record absolu ! » explique Arnaud Descôtes, directeur des services techniques du Comité Champagne.
La sécheresse relative a elle aussi été bénéfique. Car si un surcroît d’eau n’est jamais bon pour la qualité, une sécheresse trop intense peut provoquer des blocages de maturité et une hétérogénéité dans l’avancement du raisin qui complique les circuits de cueillette. Antoine Malassagne du domaine A.R. Lenoble témoigne : « Nous avons eu ces trente derniers jours 50 mm de pluie à Damery. Lorsque l’on se balade dans le vignoble, l’humidité reste présente et les vignes sont belles, il n’y a pas eu de blocage. La maturité est très homogène. L’autre facteur qui aurait pu provoquer ces blocages réside dans la surcharge de raisin. On trouve effectivement de la quantité, mais cela reste raisonnable et sur certains secteurs je suis même en dessous de 10.000 kilos. »
Enfin, troisième point marquant, il s’agit d’un millésime chaud. Les températures décadaires ont tout le temps été supérieures aux normes sauf la première semaine d’avril où un coup de gel a provoqué la destruction de 8 % des bourgeons. Heureusement, grâce à la remontre derrière, l’impact a été relativement limité. A l’inverse, fin juillet, les températures caniculaires ont généré un tout petit peu d’échaudage, mais l’épisode n’a pas duré. Avec les grêles qui s’étaient abattues sur 1000 hectares dans le sud de la Côte des Bar, ce sont les seules pertes que l’on peut aujourd’hui déplorer.
Pour le reste, l’ensoleillement, la chaleur et la sécheresse ont permis au raisin d’atteindre de beaux degrés. Les meuniers devraient être cueillis autour de 10 et les chardonnays et les pinots noirs autour de 10,5. Chacun s’accorde toutefois à ne pas trop se presser, « sur les millésimes précoces, la maturité aromatique a tendance à se désynchroniser de l’accumulation des sucres ».
Si l’inconvénient des millésimes chauds peut être une acidité plus faible, Arnaud Descotes nous rassure : « Nous avons mené une enquête sur les cinquante derniers millésimes. On constate que les meilleurs correspondent à des vendanges présentant un degré alcoolique élevé et un état sanitaire parfait, ce quelque-soit l’acidité. Par ailleurs, lorsque l’on regarde la chute des acidités, on risque d’atterrir à des valeurs proches des millésimes 2018, 2019 et 2020. C’est l’acide malique qui se dégrade, les niveaux d’acide tartrique ne sont pas inquiétants ».
Seule ombre, les difficultés de recrutement des vendangeurs. Antoine Malassagne nous confie : « devant l’augmentation du prix de l’essence, certains m’ont indiqué qu’ils ne voulaient pas venir à cause du coût du transport. Pour les convaincre, il a fallu leur proposer de le prendre en charge ». Depuis quelques années aussi, l’ambiance de ce qui était jadis une véritable fête a changé. Les normes imposées sur les logements des vendangeurs ont conduit beaucoup de domaines à les fermer. Cette règlementation pensée pour garantir le confort et la sécurité a paradoxalement renforcé la précarité, beaucoup de saisonniers dormant dans leur voiture ou effectuant des allers-retours quotidiens fatigants et polluants. « On a perdu du folklore. Autrefois, les gens ne venaient pas faire la vendange que pour gagner de l’argent, mais aussi pour vivre un bon moment, s’amuser, faire des rencontres, boire un verre tous ensemble le soir. »
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