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Verticale : Le Vieux Télégraphe

Auteur

Marie-Pierre
Delpeuch

Date

17.01.2025

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La famille Brunier possède un écrin situé sur le plateau de la Crau, à Châteauneuf-du-Pape. Fleuron de l’AOC, ce domaine de 100 hectares conserve ses pépites dans une galerie de 400 mètres creusée dans le safre. Une collection de vieux millésimes attend sagement leur mise en marché.

2016

Un printemps doux, un été chaud et sec ont donné des conditions idéales pour ce millésime. Le nez est une brassée de cerises griottes, cassis, framboises. On s’abîme dans ce sirop où les fruits regorgent de pulpe odorante. Le registre est similaire en bouche, bien que plus en retrait et caramélisé. Jeune et fougueux, il dégage une belle énergie. Les tanins sont les premiers à en pâtir. Le grain, encore sableux, ne demande qu’à s’arrondir. L’avenir confirmera son extraordinaire potentiel.
96/100 – Prix NC

2015

Similaire au 2016 par sa météo, son amplitude odorante de fruits évolue déjà vers la mûre, la myrtille. Les épices, la réglisse, le cuir et une évocation vanillée consolident cet univers riche et complexe. Le fruité est ample en bouche, donnant de la souplesse, de la finesse aux tanins, tout en restant dans un caractère affirmé. Sa finale s’alanguit sur le cachou, la prune et le café. Droit comme un i, ciselé, il est le parfait équilibre entre force et délicatesse. Il est prêt à boire.
97/100 – 140 €

2011

Voici un petit malin. Daniel Brunier le décrit comme « sans personnalité » mais c’est un leurre. On s’est laissés prendre à ce jeu du timide qui tarde à se dévoiler. Un fruit lointain, un grain de café, juste de quoi nous faire patienter le temps de se réveiller. Quelle affirmation au palais ! Dans une austérité calculée, il offre sa matière dense aux tanins et au grain sérieux. Libéré, délivré, c’est un gamin frétillant qui joue au chat et à la souris. On se laisse manipuler avec plaisir. 
98/100 – 160 €

2010

Le millésime préféré de Daniel Brunier a eu du soleil et de la pluie au bon moment. Dans sa robe grenat, il s’ouvre en délicatesse, entre fleurs et bourgeon de cassis, préférant les notes végétales aux arômes secondaires. Voici de la subtilité dans une forme de sensualité. L’attaque tout en souplesse propulse de la rondeur, en restant élancée. La séduction opère sur une longue finale où seuls les tanins demandent à s’attendrir encore un peu. Beau joueur, il dégaine sa carte maîtresse, la fraîcheur.
98/100 – 166 €

2009

Le temps affine et épure la silhouette aromatique. Les nuances se font davantage précises et subtiles. Derrière l’exaltation de crème de cassis, s’immiscent l’humus, le zan, la réglisse et le cacao amer. La bouche s’arrondit, s’amplifie d’une matière généreuse, chaleureuse, mais sans exubérance. Millésime solaire, il aurait pu s’abîmer dans les abysses alcooleuses. Au contraire, il temporise, il s’assagit. Son grain encore légèrement rugueux s’assouplit dans un tissu chatoyant de velours moiré.
97/100 – 168 €

2008

Chaque cuvée séjourne entre 20 et 22 mois en foudres de chêne français de 60 hectolitres, avant la mise en bouteille, sans collage ni filtration. Un contenant fait pour sublimer et non marquer le vin. Une réminiscence empyreumatique de pain grillé légèrement torréfié s’exprime ici dans une dominante de fleurs capiteuses. La générosité du fruit conforte les tanins qui s’affirment dans un équilibre calculé. Toujours intacte, la chair emplit la bouche. Ce fut une année pluvieuse, comme quoi…
97/100 – 172 €

2007

Faut-il laisser vieillir les châteauneuf-du-pape ? Pour ceux qui en doutent encore, voici ce fringant 2007 pour qui la force de l’âge est synonyme de plénitude. Sa belle personnalité est faite de charme et de séduction. On croque dans un chocolat amer, une confiture de mûres. Il a pris de l’embonpoint et cela lui va bien, des notes de bois de santal vaporeuses, de viande animale. Sa texture presque tactile, légèrement grumeleuse, offre une finale où réglisse et badiane se disputent la primeur.
98/100 – 180 €

1984

40 ans ! Ni vraiment jeune, ni vraiment vieux. L’âge de l’être, non du paraître. Le temps a fait son œuvre en douceur, célébrant le passage vers les arômes tertiaires. La forêt profonde est son royaume. On y trouve le champignon, la terre humide, la mousse, autant de traces subtiles où l’animal fait son nid, son terrier. La bouche s’ouvre sur une clairière lumineuse, vivante et chaleureuse où subside la framboise… sauvage. Fuyez la sauvagine, dégustez-le avec des truffes au chocolat noir. 
98/100 – Prix NC

Cette verticale est issue du magazine numéro 101 de « Terre de vins ».