Dans le hall de dégustation de son petit domaine (2, 5ha), Vincent Laval expose deux pieds de vigne, récemment arrachés de la même parcelle, longtemps divisée entre deux propriétaires. Celui de gauche, planté vers 1958, a connu l’agriculture intensive, avec fertilisation et désherbage ; celui de droite, planté en 1931 par son arrière-grand-père, n’a pas été fertilisé, a subi la concurrence avec l’herbe, et les labours à la main. En résultent deux physionomies antagonistes, la vigne des Laval ayant plongé ses racines beaucoup plus profond dans le sol.Cette racine, c’est un peu le fil qui relie Vincent Laval aux vignerons qui l’ont précédé, dans cette famille qui fut parmi les sept (sur 16000 vignerons champenois) à avoir toujours refusé le passage à la chimie. Le bio est donc ici une culture familiale : « mon arrière-grand-père avait une mule, mais il ne voulait pas qu’elle rentre dans ses vignes pour ne pas qu’elle casse le sol, donc il faisait tout à la main ! Ils passaient leur vie dans les vignes, ils vivaient chichement, mais c’était leur passion, ils avaient un hectare et demie, ils y passaient leur vie ! »
Si la posture est philosophique, elle a aussi sa traduction dans les bouteilles. Sur son terroir de Cumières, qu’il avoue peu acide, Vincent se démarque de la moyenne champenoise en ramassant des raisins mûrs (entre 11 et 11, 5°), alors que les Champenois recherchent souvent l’acidité de raisins plus verts : « l’acidité donne l’acidulé, alors que la maturité donne la minéralité, qui donne la fraîcheur. »
Pour la plupart non dosées, réalisées en ajoutant des levures et du sucre uniquement pour la prise de mousse, peu chargées en soufre, ses cuvées sont d’une légèreté angélique, pleines de la générosité du chardonnay, mais supportées par cette fraîcheur qu’il recherche, avec une légère touche d’amertume qui relève les fins de bouche. Un équilibre magnifique entre gourmandise et élégance, qu’on retrouve aussi dans ses vins rouges de pinot noir, les années où il veut bien en faire !
www.georgeslaval.com