Vendredi 22 Novembre 2024
(Photo JB Nadeau)
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15.05.2019
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C’est une nouvelle qui va faire grand bruit dans le monde des salons professionnels des vins et spiritueux : Vinexpo annonce son association avec Wine Paris pour un événement commun à la capitale en février 2020. Mais le rendez-vous bordelais n’est pas abandonné pour autant. Il pourrait devenir un rendez-vous annuel rapproché de la semaine des Primeurs.
Ceux qui, journalistes, exposants comme acheteurs, arpentent les travées de Vinexpo Bordeaux depuis lundi matin, tiennent peu ou prou le même discours : le salon professionnel des vins et spiritueux a perdu de sa superbe. Confronté à la concurrence croissante des autres manifestations européennes, à commencer par ProWein à Düsseldorf qui grandit tel un ogre, le salon bordelais est condamné à se réinventer. « Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le mieux aux changements », disait Charles Darwin. Rodolphe Lameyse, nouveau directeur général de Vinexpo depuis début avril, l’a bien compris, et applique un traitement de choc qui se veut salutaire : « lorsque je suis arrivé, Vinexpo Bordeaux 2019 était déjà sur les rails », explique-t-il. « J’ai eu un mois pour tracer les axes forts de ce que sera Vinexpo dans les années à venir, et envoyer un signal fort ».
Ce signal fort, il vient tout juste d’être annoncé : dès le mois de février 2020, du 10 au 12 pour être exact, Vinexpo et Wine Paris feront salon commun à la capitale. Les deux événements « joignent leurs forces pour offrir une nouvelle alternative et une place de marché annuelle unique en Europe ». Wine Paris, salon organisé par Comexposium et réunissant VinoVision et Vinisud, a été lancé cette année en février, réunissant 2000 exposants et près de 27 000 visiteurs. De son côté, Vinexpo, cherchant à assurer son avenir en misant sur la diversification (Hong Kong, New York, Shanghai), avait annoncé un salon parisien en janvier 2020. « Cette date n’avait pas de sens en termes de business », déclare Rodolphe Lameyse, « c’est pourquoi il nous a semblé logique de nous caler sur la date de Wine Paris, en février. En associant nos portefeuilles complémentaires, nous développons une offre très complète, et les opérateurs du vin nous ont déjà envoyé des signaux encourageants ». Le fait que les deux salons du vin majeurs en France s’associent pour contrer le grand rival d’outre-Rhin va nécessairement être scruté avec attention par la filière. Pour l’instant, l’événement devrait être co-brandé Wine Paris / Vinexpo, et les deux entités proposeront deux « univers » distincts : « il s’agit d’une alliance commerciale à ce jour, des discussions auront lieu pour voir si l’on peut aller plus loin, mais il est trop tôt pour en parler », précise Rodolphe Lameyse, qui recevait aujourd’hui Pascale Ferranti, directrice du pôle vin chez Comexposium. Il est donc trop tôt pour parler fusion. De même qu’il est encore trop tôt pour parler nombre d’exposants ou objectifs de visiteurs. Tout juste les organisateurs tiennent-ils à préciser que le cap qui était donné à Vinexpo Paris, avec une présence forte des spiritueux, est toujours maintenu.
Quid de Bordeaux ?
Mais alors, maintenant que l’avenir de Vinexpo semble s’écrire à Paris, quid de Bordeaux ? « On va garder un salon à Bordeaux », annonce tout de suite Rodolphe Lameyse, « mais il va continuer d’évoluer. Tout d’abord nous allons essayer de le rapprocher de la semaine des Primeurs, ce qui peut être complémentaire (beaucoup d’acheteurs internationaux ayant déploré cette année de devoir venir deux fois à Bordeaux en l’espace de six semaines, NDLR). Pour que Vinexpo ait une raison d’être à Bordeaux, il faut une union sacrée. J’ai tendu la main à l’Union des Grands Crus, j’ai rencontré de nombreux décideurs de la filière bordelaise, il faut que tout le monde aille dans le même sens si l’on veut qu’un événement à Bordeaux soit maintenu et pérennisé ».
Pour autant, ce rendez-vous restera-t-il un temps fort du business du vin ? Là aussi, le directeur général de Vinexpo fait preuve de lucidité et veut voir plus loin : « il faut faire de ce qui était perçu comme une faiblesse, une force. Bordeaux a une très grande carte à jouer car c’est un vignoble de pointe. Le succès de notre symposium environnemental cette année prouve que si l’on est sur un positionnement intellectuel fort, pas seulement business, nous allons attirer des techniciens, des chercheurs, mais aussi des acheteurs – il n’y a qu’à voir l’engouement autour des conférences sur le e-commerce. Nous devons aussi occuper le terrain de l’œnotourisme, capitaliser sur de beaux événements grand public comme la Grande Dégustation organisée cette année avec Terre de Vins, et surtout cultiver ce qui fait la force de Bordeaux, la vie des châteaux, le prestige des grandes confréries ». C’est ainsi que Vinexpo Bordeaux entend se réinventer. Reste à voir si, avec un rendez-vous parisien annuel appelé à se tenir chaque mois de février, cet événement bordelais sera lui aussi annualisé dans la foulée des Primeurs, en avril. Voilà qui est encore en réflexion. Pour le nouveau directeur général, un homme de salons qui a eu « un mois pour faire bouger les lignes, pour fixer un axe stratégique très clair », les chantiers s’annoncent nombreux. Et passionnants.
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