Vendredi 22 Novembre 2024
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29.01.2017
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Désireuses de s’émanciper de Château Thieuley,la propriété familiale qu’elles co-dirigent dans l’Entre-deux-Mers,Marie et Sylvie Courselle ont décidé de signer une gamme de vin en leur nom propre. Les « vigneronnes épicuriennes » de Bordeaux sont à Vinisud.
Ils ne sont pas nombreux,les Bordelais présents à Vinisud. Bernard Magrez,toujours fidèle au poste ; quelques appellations,Côtes de Bourg notamment ; peu de vignerons venus en solo. Parmi les exceptions : Marie et Sylvie Courselle. Les deux sœurs,qui ont pris ensemble la relève de leur père Francis à la tête du château Thieuley (80 hectares de vignes dans l’Entre-deux-Mers),ont sorti leur plus beau chapeau et leur plus beau sourire pour venir à Vinisud présenter leur « petit bébé »,leur projet à quatre mains,né au printemps 2016. « On nous a fait plusieurs fois la remarque : à Bordeaux,vous avez des châteaux,mais vous n’avez pas de vignerons »,explique Sylvie Courselle. « Nous avons eu envie de bousculer cette image erronée,mais aussi de nous émanciper un peu de l’image de notre père,toujours très fortement associée à Thieuley. Nous voulions faire des vins que nous incarnions,montrer que les deux sœurs sont bel et bien aux commandes,tout en maîtrisant mieux la commercialisation de nos vins et en expérimentant davantage ».
Dès 2005,Marie et Sylvie,qui ont roulé leur bosse dans des vignobles étrangers avant de rentrer au bercail,avaient eu l’idée de planter de la syrah et du chardonnay,bien avant que cela devienne tendance dans le Bordelais. Dix ans plus tard,après avoir longuement mûri leur projet,le résultat de ces expérimentations se retrouve dans la bouteille. Et le résultat est enthousiasmant.
Fautes – volontaires – d’aurtografe
Les vins « Marie & Sylvie Courselle – Vigneronnes épicuriennes » se déclinent en quatre paires de cuvées. D’abord avec la gamme « Le Petit Courselle » (« le frérot qu’on n’a pas eu »,sourit Sylvie),baptisé « Les Copinnes » en blanc et « Les Copins » en rouge (fautes d’orthographe non facultatives). Deux cuvées en Vin de France qui portent bien leur nom,pensées comme des « vins de copains » résolument anticonformistes. Jugez plutôt : 60% sauvignon,30% sauvignon et 10% chardonnay pour le blanc,60% cabernet franc,25% merlot et 15% syrah pour le rouge. Des assemblages atypiques,travaillés en cuve,sans élevage sous bois,pour des jus frais,simples,axés sur le plaisir. Prix indicatif 7,50 €.
On revient à un style plus bordelais,mais pas classique pour autant,avec la paire de cuvées « Les Deux Sœurs ». « Nous avons voulu signer des bordeaux contemporains,sans marquage du bois,avec de la personnalité,du style »,expliquent Marie et Sylvie. Le blanc,en appellation Entre-deux-Mers,est un assemblage de sauvignon blanc (40%),sauvignon gris (15%) et sémillon (45%). Floral,fin,salin avec un bel équilibre entre gras et vivacité,on est à des lieues de l’entre-deux-mers stéréotypé qu’on ouvre pour aciduler les huîtres. Le rouge,en appellation Bordeaux,est un assemblage 50% merlot,25% cabernet franc,25% petit verdot. Pas une seule trace d’élevage,on a un fruit dense,épicé,joliment sanguin,une finale mentholée. Beaucoup de « buvabilité » – terme consacré – dans ces vins,proposés au prix indicatif de 11 €.
Rudement bien élevées
La gamme « Le Bien Élevé »,toujours en Vin de France,est sans doute le pari le plus audacieux des deux sœurs. En blanc,un 100% chardonnay élevé 12 mois en barriques (dont un tiers de bois neuf). Si le premier nez,vanillé,laisse craindre un chardonnay au profil très beurré,en bouche il n’en est rien : la matière est ciselée,mûre,fraîche,portée par de beaux agrumes. En rouge,c’est une 100% syrah qui se présente,élevée pour moitié dans des barriques de 300 litres (le reste en cuve). Le boisé est présent mais plutôt fondu,il ne prend pas le pas sur la matière qui est joliment poivrée. Produites à hauteur de 5000 bouteilles chacune,ces deux cuvées sont commercialisées autour de 15 €.
Pour finir,Marie & Sylvie Courselle ont complété leur gamme avec le blanc et le rouge de Thieuley,mais habillés de façon plus moderne,avec la mention « Génération III » (elles sont la troisième génération aux manettes,vous suivez ?) sur l’étiquette,afin de se démarquer de l’habillage traditionnel que l’on peut retrouver en grande distribution. Cavistes,bars à vins et belles tables sont les cibles des deux sœurs pour ces vins avec lesquels elles espèrent bien redynamiser l’image de Bordeaux. D’après ce qu’il y a dans le verre,c’est réussi. Chapeau.
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