« Widow Clicquot » : la bande annonce est sortie !

On savait que le réalisateur Thomas Napper avec la participation de l’actrice Haley Bennett préparait un biopic consacré à la Veuve Clicquot. La bande annonce vient d’être publiée sur le web, pour une sortie en salle cet été.

Le casting promettait une Veuve Clicquot qui ne manquerait pas de glamour. Les premiers extraits publiés ne nous déçoivent pas. Le film qui s’inspire du roman écrit par Tilar J. Mazzeo semble prendre évidemment un peu de liberté avec la véritable histoire de la Grande Dame de la Champagne. La bande annonce nous présente d’abord Barbe-Nicole et son mari François filant le parfait amour. Et effectivement, rien ne nous empêche de penser que les deux jeunes gens étaient très amoureux, même si à cette époque les mariages étaient toujours arrangés par les familles. Les tourtereaux ne dérogeaient probablement pas à la règle, étant tous les deux issus de la même bourgeoisie d’affaires rémoise (Barbe Nicole était la fille du Baron Ponsardin, un riche industriel du textile, et son mari François avait lui aussi des intérêts dans la laine tout en dirigeant la maison de vins fondée par son père en 1772).

On découvre ensuite une veuve éplorée, qui, après le décès de son mari, doit se battre contre son entourage pour maintenir à flots l'entreprise de son défunt époux. Le fait que son beau-père, comme le montre le film, se soit d'abord montré un peu sceptique quant à cette aventure, est avéré. Mais la bande annonce va plus loin en suggérant qu’on ait pu la traîner en justice pour l’empêcher de rester à la tête de la maison au motif que la loi interdisait aux femmes de diriger une entreprise. Les choses ne sont sans doute pas allées jusque-là, d’autant qu'au début du XIXe siècle, tout comme sous l'Ancien Régime, le statut de veuve faisait justement exception, dans la mesure où cette gestion devait permettre la préservation du patrimoine familial en vue de sa transmission aux descendants éventuels lorsqu'ils étaient encore trop jeunes pour s’en charger. Une sorte de régence... Or la Veuve avait une fille, Clémentine, dont elle pouvait espérer qu'une fois devenue adulte, elle trouverait un mari pour reprendre les affaires. (Notons que Barbe Clicquot-Ponsardin n'a finalement pas souhaité confier l'entreprise à son gendre Louis de Chevigné, un poète peu doué pour le commerce, lui préférant un de ses salariés, Edouard Werlé). Une autre liberté prise par rapport à l’histoire? L’utilisation de chaufferettes dans les vignes pour lutter contre le gel. Les réflexions sur les dispositifs possibles pour lutter contre ce fléau n’ont commencé à poindre qu’à la fin du XIXe siècle. On signalera aussi au passage que les vignes n'étaient pas plantées en rangs, mais en foule, un détail que l'on pardonnera tant il est difficile d'en trouver aujourd'hui.

La deuxième romance prêtée à la Veuve après le décès de son époux ne s’appuie sur rien. Sans que son nom soit précisé dans la bande annonce, on peut supposer que dans le scénario imaginé par le réalisateur, cet amant aurait été inspiré par le personnage de Louis Bohne, ce fameux commis voyageur qui l'a effectivement soutenue dans son entreprise et avec lequel, sans avoir de liaison connue, la Veuve entretenait une sincère amitié. En revanche, la référence à la conquête audacieuse du marché russe qu'ils menèrent ensemble est tout à fait exacte. La Veuve fut la première à envoyer une cargaison en 1814 afin de tirer parti de la fin du blocus exercé contre Napoléon, ce qui fera de sa marque le champagne favori de la cour des Tsars pour longtemps. L'explosion dramatique d'une partie des stocks en caves est également crédible. Jusqu'en 1837, les Champenois ignoraient quelle quantité de sucre ils devaient ajouter au tirage pour obtenir une seconde fermentation optimale. On se réjouira enfin de la qualité des images tournées dans les anciens locaux du Collège des Jésuites à Reims, aujourd’hui occupés par Science po, et dans le vignoble de la Montagne de Reims.