Jeudi 19 Décembre 2024
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14.02.2023
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Pour aller plus haut, aller plus loin, la Champagne n’hésite pas à mettre le paquet et annonce une augmentation de dix millions d’euros du budget de l’interprofession. L’objectif ? Soutenir les efforts de la recherche viticole et œnologique pour faire face aux défis environnementaux, tout en préservant la typicité de ses vins qui pourrait être chahutée par le changement climatique. Un souci du développement durable que la filière n’hésite pas à relier directement à la préservation de la désirabilité du produit.
Les deux présidents de l’interprofession Maxime Toubart (Syndicat général des vignerons) et David Châtillon (Président de l’Union des Maisons de Champagne) avaient le sourire ce matin lors de la conférence de presse donnée à Wine Paris. Il y a de quoi. Avec une progression de 4,3 % à l’export en 2022 et des ventes qui atteignent un volume jamais atteint depuis 15 ans, la Champagne a le vent en poupe. Elle n’en prépare pas moins l’avenir et les outils qui permettront de surmonter ses grands défis.
Le premier est celui de la désirabilité. En 2022, la filière a lancé un baromètre de notoriété et d’image de l’appellation auprès de 16.000 personnes sur les sept principaux marchés du champagne. L’étude a été réalisée par l’IFOP. Elle confirme que l’appellation reste le leader incontesté de sa catégorie sur des dimensions telle qu’« un vin prestigieux », « de renommée internationale », « qu’on offrirait en cadeau », « que l’on associerait à la rareté » etc…
Néanmoins, la Champagne doit prendre en compte l’importance du développement durable qui devient un critère d’achat à part entière, et qui pourrait altérer l’image du produit si on ne réalise pas les efforts nécessaires. David Châtillon le rappelle : « C’est une question que nous avons appréhendée très tôt. Voilà plus de vingt ans que nous travaillons sur la question des RSE. En 2003, nous avons été la première filière à réaliser son bilan carbone avec un certain Jean-Marc Jancovici qui a d’ailleurs conçu son calculateur à partir du champagne. Aujourd’hui, ce spécialiste est devenu une référence mondiale ! Parmi les résultats dont nous sommes très fiers, la réduction des émissions de CO2 de 20 % par bouteille depuis quinze ans et la certification environnementale de déjà 63 % de notre surface viticole. Nous sommes ainsi l’une des rares filières à s’inscrire dans la trajectoire fixée par les accords de Paris, avec cet objectif d’atteindre le net zéro carbone en 2050 ».
Le développement de la désirabilité passe également par une action toujours plus énergique sur le terrain de la défense de l’appellation. « Une Champagne plus rayonnante, cela commence par faire savoir et valoir que le champagne ne provient que de la Champagne. Nous avons décidé de sanctuariser notre budget d’un million d’euros consacré à la protection de l’appellation, y compris sur les marchés de demain. Aujourd’hui, plus de 120 pays reconnaissent l’appellation Champagne. Nous en avons gagné un nouveau l’an dernier avec l’Île Maurice, où l’appellation Champagne est la première appellation étrangère à être reconnue. Nous avons en parallèle mille dossiers actifs de protection de l’appellation dans le monde entier et chaque année en moyenne nous ouvrons 500 dossiers de précontentieux. » A noter également la création à venir de deux nouvelles ambassades du Comité Champagne à l’étranger (elle en comptait déjà neuf), l’une en Scandinavie, l’autre au Canada. A la question d’un journaliste présent dans la salle concernant une ouverture potentielle en Afrique, Charles Goemaere, directeur du Comité Champagne, a mis en avant, que du point de vue des volumes, le projet commencerait à se justifier, mais que le deuxième critère réside dans la diversité des opérateurs, encore trop faible sur ce continent.
Le défi du maintien de la production…
Le deuxième défi de la Champagne consiste dans le maintien de la production, alors que le vignoble est désormais touché par la flavescence dorée. Celle-ci, si on n’y prend garde, pourrait bien devenir le phylloxéra du XXIe siècle. « On ignore aujourd’hui la proportion exacte des surfaces touchées, on sait en revanche qu’elles sont multipliées chaque année par 100 ! Nous menons un combat pour intensifier la prospection, il faut aller plus vite et plus fort, en sachant que nous ne traitons pas mais nous arrachons les pieds infestés. Nous réfléchissons notamment à rendre obligatoire cette prospection. Nous travaillons sur l’utilisation des drones pour repérer les zones contaminées alors que la période de repérage ne dure qu’un mois juste après la vendange. La recherche variétale est également cruciale » explique Maxime Toubart.
10 millions d’euros de budget supplémentaire pour le Comité Champagne !
Des ambitions qui ne peuvent être atteintes sans le déploiement de moyens conséquents. L’interprofession a décidé d’augmenter de cinquante pourcents le budget du Comité Champagne, qui passe de 20 à 30 millions d’euros. De quoi financer notamment un nouveau site de recherche qui verra le jour en 2025. Celui-ci permettra d’augmenter la superficie du laboratoire de 40 %, de construire une nouvelle cuverie expérimentale deux fois plus grande et une nouvelle salle de dégustation. On notera que le centre actuel de recherche du Comité Champagne est le seul au monde à réunir la totalité des robots viticoles existants.
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