Jeudi 21 Novembre 2024
De gauche à droite : Matthieu Verhaeghe, David Arnaud, Marianne Fricot, Hélène Taillefer, Ludovic Aventin, Frédéric André (photo M. Boudot)
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12.02.2020
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Au-delà de sa dimension commerciale, le salon Vinexpo / Wine Paris permet aussi aux professionnels d’aborder tous les sujets qui traversent la filière vin. Celui de la transmission et de l’installation des nouveaux vignerons est fondamental. Une conférence a permis d’examiner le rôle crucial des Safer dans cette démarche qui peut parfois ressembler à un parcours du combattant.
« Histoires de transmissions réussies » : tel était le thème de la conférence organisée mardi matin à Vinexpo / Wine Paris sous l’égide du réseau des Safer (Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural). Ces organismes créés en 1960 sous la tutelle des ministères de l’Agriculture et des Finances ont pour vocation d’accompagner et soutenir les projets d’installation en milieu rural, le plus souvent agricoles. Au nombre de treize en France métropolitaine, trois en France d’outre-mer auxquels il faut ajouter une en cours de création en Guyane, les Safer représentaient, en 2018, pus de 105 000 hectares attribués, dont 37% en faveur de l’installation agricole (et 7,5% en faveur du bio). Maraîchage, élevage et viticulture sont les activités principalement soutenues, comme le rappelle Frédéric André, directeur général de la Safer Occitanie.
Quatre témoignages de Bordeaux, du Languedoc et de Champagne
Sur le plan de la viticulture, les Safer supervisent près de 1300 transactions par an soit 4500 hectares concernant l’installation ou l’extension de domaines. 250 nouveaux viticulteurs sont aidés chaque année dans leur installation. Également chargé de dresser une analyse annuelle du foncier viticole et de donner le barème officiel de la valeur vénale des vignes, le réseau Safer est un acteur indispensable du paysage viticole français. C’est pourquoi il joue un rôle décisif dans la transmission ou la reprise de propriétés viticoles. C’est à ce titre que quatre intervenants ont été invités à témoigner de leur parcours :
– Hélène Taillefer – Domaine Terre des 2 Sources – Terrasses du Larzac (Hérault)
– Marianne Fricot – M de Marianne – Champagne (Aube)
– Matthieu Verhaeghe – Château Forge Céleste – Saint-Emilion (Gironde)
– David Arnaud – Château Tour des Graves – Côtes de Bourg (Gironde)
Chacun de ces intervenants a sa propre trajectoire familiale, professionnelle et personnelle mais tous ont en commun d’avoir pu compter sur le soutien de la Safer pour lancer leur activité viticole. De quoi donner des idées à de potentiels néo-vignerons qui nous lisent, ou du moins dresser un état des lieux des aides – et inerties – qui se présentent sur le parcours d’un viticulteur lorsqu’il veut s’installer ou agrandir son foncier. D’un commun accord, ce qui ressort des témoignages de ces quatre vignerons est la pesanteur des contraintes administratives et réglementaires françaises, qui peut parfois mettre l’amour du métier à rude épreuve, mais aussi le relatif sentiment d’isolement auquel on peut parfois se retrouver confronté. C’est pourquoi il est nécessaire de se tourner vers les bons interlocuteurs, car la collectivité a un certain nombre de solutions à proposer. Dans tous les cas présents, la Safer a été un appui précieux dans la recherche de la bonne propriété, les bonnes conditions d’installation, de transmission des biens et de l’accès aux équipements. Reprendre ou agrandir une exploitation viticole demande non seulement de trouver le bon lieu, avec les installations appropriées, mais aussi d’envisager la structure légale de l’entreprise, la commercialisation des produits, leur positionnement prix, etc.
Des montages financiers pour faciliter l’accès au foncier
Chacun des cas présentés lors de la conférence est différent. Pour Hélène Taillefer, il s’agit d’une reconversion avec son mari après des premières carrières dans des milieux différents de la viticulture ; pour Marianne Fricot, il s’agit de la création d’une structure indépendante de celle de ses parents, qui eux-même ont été été par la Safer quand ils se sont installés ; pour Matthieu Verhaeghe, il s’agit d’un rachat de propriété dans une profession qui lui est familière ; pour David Arnaud, il s’agit de la reprise et de l’extension de la propriété familiale. Autant de scenarii différents, dans lesquels la Safer est intervenue et a apporté des solutions. Dans le cas de Matthieu Verhaeghe et de David Arnaud, c’est le recours au portage qui a été décisif : cette pratique fait intervenir le département dans l’achat du foncier, le temps que le vigneron se lance et soit en mesure de rembourser, ce qui lui permet d’investir en priorité dans le matériel viticole ou les outils de vinification. Pour le seul département de la Gironde, ce sont près de 200 hectares de vignes qui sont concernés par le portage, pour une valeur foncière estimée à 4 millions d’euros.
La Safer permet aussi de trouver des investisseurs qui vont aider à boucler la reprise du domaine. Dans le cas de Marianne Fricot qui a repris 2,56 hectares en Champagne à 22 ans, il a fallu réaliser un montage financier de 3 millions d’euros. Des partenaires sont entrés au capital de la propriété, accédant à la nue propriété du foncier mais en laissant l’usufruit à la jeune viticultrice pour une durée de 25 ans, assortie d’une promesse de bail jusqu’à sa retraite – renouvelable pour ses enfants. D’autres solutions vertueuses existent, comme le recours aux GFV (groupements fonciers viticoles) qui induit l’entrée au capital de la propriété d’investisseurs extérieurs. L’un des opérateurs mis en avant lors de la conférence est Terra Hominis, fondé par Ludovic Aventin. Cette entreprise née dans le Languedoc aide les viticulteurs en faisant venir des associés sur des valeurs communes (un « investissement plaisir » allant de 1300 € à 2500 € la part), sans perspective de retour sur investissement autre que des rétributions en vin et la satisfaction de participer à une aventure humaine. Une conception solidaire avant tout, qui s’étend aujourd’hui à 23 projets au-delà de ses bases languedociennes, dont celui de David Arnaud dans le Bordelais. Preuve que même dans la difficulté, les solutions existent pour aider les viticulteurs français.
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