Vendredi 21 Février 2025
Yves, Martin et Jean Orliac (de g. à d.) ©Y. Palej
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19.02.2025
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Pour la première fois, les trois cuvées rouges du Domaine de l’Hortus – Bergerie de l’Hortus, Grande Cuvée et Dit de l’Hortus – sortent sur un même millésime : 2022. Une occasion unique d’explorer les nuances d’un terroir exceptionnel, entre falaises majestueuses et garrigue parfumée, là où s’écrit la légende du Pic Saint-Loup.
« Ce pays, on l’a dans les tripes ! » Sur une jeune parcelle de syrah, dominée par les vestiges du château de Montferrand, Yves Orliac s’arrête un instant. Le regard tourné vers les géants de calcaire, son visage s’illumine. Le Pic Saint-Loup, au nord, et l’Hortus, au sud, se regardent dans le blanc des cieux. Ces deux reliefs, qui se dressent comme des gardiens millénaires, incarnent l’âme de ce terroir si singulier. « Ici, c’est vraiment le terrain de jeu de notre enfance avec ma sœur et mes frères, ajoute-t-il avec une émotion légitime. On peut remercier nos parents d’avoir eu du nez en s’y installant dans les années 70. »
A l’époque, Marie-Thérèse et Jean Orliac, passionnés d’escalade, découvrent ce coin de varappe pas comme les autres. Ils ne se doutent pas à ce moment-là qu’ils feront grimper le Pic Saint-Loup au sommet des appellations languedociennes. « Quand je suis arrivé ici, c’était un terrain vierge, personne n’avait encore vraiment exploré ce terroir, raconte le fondateur du domaine. J’ai commencé par analyser chaque parcelle, en observant la végétation spontanée, ce qui m’a permis de comprendre le contexte pédoclimatique de chacune. » Il ne pousse pas la même chose sous la falaise de l’Hortus que sous celle du Pic Saint-Loup. Il en déduit donc : « Là, il y a une végétation naturelle qui s’approche de celle de Côte-Rôtie, on va donc y mettre de la syrah. Là, elle ressemble plutôt à celle de Bandol, on va y planter du mourvèdre… » La logique est cartésienne, et le choix judicieux.
Ce travail minutieux, long de près de 40 ans (premier millésime en 1990), a donné naissance à un vignoble unique, où chaque parcelle raconte une histoire. Et le millésime 2022 en est l’éclatante illustration. Ce millésime marque une première : les trois cuvées rouges – Bergerie de l’Hortus, Grande Cuvée et Dit de l’Hortus – sortent ensemble, permettant de dévoiler toute la diversité et la richesse d’un terroir façonné par la main de la dynastie Orliac (Terre de Vins leur avait consacré une saga dans le magazine n°53) et la puissance des éléments. Pour Martin, en charge de la vinification, ce 2022 restera gravé comme un défi à relever : « Après 2021, où nous avons perdu plus de la moitié de la récolte à cause du gel, la vigne était complètement désorientée. Les sorties étaient très irrégulières et les maturités particulièrement disparates. Il a fallu garder ses nerfs tout au long de la saison pour ramener ce millésime à son plein potentiel. »
Issue des parcelles de bas de pente, où les calcaires tendres s’assèchent rapidement en été, cette cuvée emblématique privilégie le fruit et la gourmandise. Les vinifications en douceur, sous la houlette de Martin Orliac, mettent en avant un vin frais et accessible, parfait dans ses premières années. En 2022, elle offre une générosité caractéristique du millésime, avec une belle expression aromatique.
Née de deux terroirs complémentaires – l’un au pied sud de l’Hortus, l’autre au pied nord du Pic Saint-Loup –, cette cuvée profite de sols d’éboulis calcaires profonds et drainants. Le millésime 2022, marqué par une maturité optimale, révèle ici un équilibre entre complexité et profondeur, magnifié par des macérations longues.
Sur des terrasses escarpées, deux parcelles d’exception – La Soulane au sud et L’Ombrée au nord – traduisent l’élégance et la finesse des grands terroirs. En 2022, seule L’Ombrée a été sélectionnée, livrant un vin d’une pureté remarquable, témoin d’une année solaire maîtrisée avec brio.
Au Domaine de l’Hortus, chaque millésime raconte une histoire. Celle de 2022 est un hommage à un terroir d’exception et à la passion de ceux qui l’ont façonné et ceux qui ont pris le relais (François à la vigne, Martin à la vinification et Yves à la commercialisation). Entre falaises et garrigue, ce coin de paradis continue d’écrire sa légende, millésime après millésime. Et les Orliac en sont les plus fervents narrateurs.
Cette cuvée fascine par son bouquet complexe : notes intenses de cassis mûr, éclats de myrtille, touches de violette et nuances de poivre noir. En bouche, l’attaque est suave, portée par une texture veloutée et des tanins d’une finesse remarquable. La fraîcheur minérale, signature du terroir, prolonge une finale vibrante et persistante, empreinte de fruits noirs et d’épices douces. Un grand vin d’émotion, qui allie puissance et élégance. A garder précieusement !
96/100. 75€ TTC.
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