Jeudi 21 Novembre 2024
©JM Brouard
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Date
23.12.2022
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En l'espace d'une décennie, la famille Cazes a réussi à faire de cette propriété languedocienne un exemple de précision produisant des vins frais, accessibles au potentiel de vieillissement évident.
"À la fin des années 1990, début des années 2000, mon père souhaitait acheter une propriété dans le Languedoc", rappelle Jean-Charles Cazes. Aidé par Daniel Llose, son compagnon de route depuis 1976 et accessoirement Directeur de toutes les propriétés familiales, Jean-Michel Cazes a ainsi sillonné à cette époque plusieurs appellations. Il aurait pu s'arrêter à Pic Saint Loup ou Faugères mais le sort en a décidé autrement. Il va décider finalement de jeter son dévolu sur Minervois et notamment La Livinière que Jean-Charles décrit avec un brin d'espièglerie comme "le Pomerol du Languedoc, tant par sa taille similaire à l'appellation de la rive droite, que par son grand potentiel qualitatif". Après le rachat de 2 propriétés voisines (Vipur et La Gardiole) réunies en un seul ensemble de 150 hectares dont 60 de vignes et 25 d'oliviers, s'en est suivie une décennie de restructuration. Arrachage nombreux, replantations et surgreffages de syrah notamment pour en renforcer la part dans l'encépagement général. Quelques vieilles vignes ont été maintenues, notamment de carignan. Du côté des oliviers, la tâche a été tout aussi ardue. "Les 4500 arbres n'avaient pas été taillés depuis des années faute de moyens". Initialement baptisé L'Ostal Cazes, le domaine adoptera finalement sa dénomination actuelle, Domaine de l'Ostal, le célèbre patronyme bordelais n'ayant pas joué un rôle de facilitateur commercial comme initialement imaginé par la famille.
Des vins éclatants
Ce qu'il y a de bien avec le Languedoc, c'est qu'il y a encore un certain nombre de consommateurs qui n'imaginent pas y trouver des vins d'une grande élégance tarifés à des prix doux. Pourvu que ça dure, car on se régale véritablement de vins comme ceux de l'Ostal. Albe, la cuvée blanc est ainsi d'un éclat magnifique. Nez profond, bouche ample mais délicate, fraîcheur et salinité en font un excellent rapport qualité-prix (12/15€). Le reste de la gamme comprend Estibals, une cuvée plus simple, tout en fuit et moins délicate que sa grande sœur classiquement intitulée "Grand Vin". Ce dernier est admirable de fondant de texture, porté par des tannins d'une grande souplesse bien que présents. Le 2019 (20/25€) bientôt en vente s'avère aujourd'hui fougueux. En pleine jeunesse, cet assemblage de syrah (73%), carignan, grenache et mourvèdre clame haut et fort son caractère fruité ou le rouge et le noir se font écho. Son milieu de bouche dense, encore un peu saillant, en font en outre un excellent candidat à un oubli certain en cave, 2 ou 3 ans au moins même s'il sera difficile de ne pas succomber tout de suite à son charme. Les vins vieillissent en effet avec classe. Le 2016 impose par exemple son harmonie, bercé entre des tannins veloutés et un fruit encore vibrant. Mais c’est véritablement avec les 2013 et 2010 que tout le potentiel de garde de ces vins s’affirme. Le premier s’avère à ce stade très sanguin et séveux quand le second affirme un côté large, rond, apaisé et complet. Deux millésimes qui continueront de se patiner harmonieusement encore plusieurs années. Mention spéciale pour la cuvée 100% mourvèdre qui n’a pour le moment été produite qu’en 2017 (30€) car, comme le rappelle Delphine Glangetas la Directrice technique de l’Ostal, « cette année-là toutes les planètes étaient alignées pour faire quelque chose de grandiose avec ce cépage ». Et c’est vrai que le résultat est très intéressant avec un vin sphérique, très gourmand et profond. Un prélude, peut-être à d’autres cuvées en monocépage, hypothèse actuelle de travail à la propriété. Cette dernière sera par ailleurs entièrement certifiée en bio en 2024, un tournant initié par Delphine après son arrivée en 2016.
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