Vendredi 22 Novembre 2024
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25.02.2014
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Parmi les 15 crus de la vallée du Rhône, Vacqueyras, reconnu en 1990, présente un des rendements moyens les plus faibles de France (36 hl/ha). Appuyés aux contreforts des Dentelles de Montmirail, sols et sous sols mêlent trois entités différentes qui ont chacune des incidences différentes sur les vins.
Regardons ses dessous, par l’expertise de l’oenogéologue Georges Truc et les prélèvements au domaine de Montirius. Pot le plus à gauche : ce sont des safres du miocène, le sol le plus ancien, souvent le plus profond mais qui peut être affleurant suite aux poussées géologiques. Sa jolie couleur sucre roux, ses grains fins, constituent un substrat de choix pour la vigne. Pot du milieu, les marnes pliocènes, parfois bleutées, sont d’une incroyable finesse et fondent sous la langue ! Quant au pot 3, à droite, cailloutis de la Terrasse des Garrigues, c’est la couche supérieure, immédiatement visible sur la majorité du vignoble.
Regardons dedans, avec trois vins blancs, une couleur représentant seulement 3% de la production, mais quelles pépites !
– cuvée Les Clefs d’or 2012, du Clos des Cazaux. Moitié de clairette, 20% de grenache blanc et 30 de roussanne, les vignes cinquantenaires se régalent des sables (safres) conférant au vin onctuosité et fraicheur. Jolie robe à reflets vert tendre, arômes et saveurs de fruit blanc frais, pas d’élevage sous bois et pourtant une matière soyeuse et charnue. Epatant avec un carpaccio de poisson blanc, une escalope de volaille.
– cuvée Minéral 2010 du domaine Montirius. Ici le bourboulenc domine, sur la Terrasse des Garrigues avec une matrice très argileuse (réserve d’eau et banque d’oligo-éléments : zinc, fer, entre autres et aussi magnésium tant nécessaire aux levures). 25% de grenache sur argiles bleues, 25 de roussanne sur sable et grès. Un grand fruit jaune bien mûr au nez et en bouche, le vin se révèle salin, avec une longue finale très sapide. Dorade au four pour lui !
– cuvée Un sang blanc 2012 au domaine Le sang des cailloux. Tous les cépages blancs de l’AOP s’y retrouvent : grenache, bourboulenc, clairette, roussanne, viognier, et marsanne sur une faible épaisseur de Terrasse des Garrigues, puis safres du miocène et marnes bleues du Pliocène. C’est une explosion d’effluves et de saveurs, matière opulente, veloutée, dense. Avec un potentiel de garde évident (pour de future recettes truffées) et tout de suite aux côtés d’une parrillada.
Pour ces trois vins, texture riche, équilibre frais et finale saline s’affirment nettement. A déguster pour explorer le potentiel de Vacqueyras dans cette couleur, coups de cœur assurés.
Sylvie TONNAIRE
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