Mercredi 25 Décembre 2024
©Guillaume de Tapol
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Date
14.10.2023
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Ancienne propriété du baron Marcel Bich devenue véritable domaine viticole et cru classé de Saint-Emilion, le château de Ferrand a offert une cure de jouvence à ses vins et développe l’œnotourisme autour de l’art.
Changement de style et d’orientation au château de Ferrand sur le plateau de Saint-Hippolyte, l’un des plus élevés de l’appellation Saint-Emilion surplombant la Dordogne. D’abord dans les vins. Le classement en grand cru en 2012 a certes récompensé les efforts, mais Philippe Chandon-Moët et sa femme Pauline qui ont repris en mains le domaine en 2005 voulaient aller plus loin avec une vision d’entrepreneurs. « Nous avons investi dans les terres, les chais, les installations et travaillé sur les vins, détaille le maître des lieux. Les cabernets sauvignons étaient souvent vendangés trop tôt et nous avons évolué vers davantage de cabernet franc qui est passé dans les assemblages de 20 à 27% selon les millésimes, à 35 % en 2021, associé au merlot majoritaire ». Le cabernet sauvignon a même été arraché en 2018 (il en reste 1 %). Avec le directeur général Gonzague de Lambert, ils ont fait de Ferrand un véritable domaine viticole bordelais, labellisé HVE, Terra Vitis et Iso 14001. L’œnologue conseil Axel Marchal a succédé à Hubert de Boüard et la conversion en bio a été amorcée en 2021 après une étude et une cartographie du vignoble (32 hectares) pour une certification prévue en 2024. « Nous voulions des vins plus frais avec de la minéralité, se démarquer davantage de nos voisins et nous sommes passés de 50-55 % de bois neuf à 35-38 % avec une réduction de l’élevage de 16 à 12-14 mois ». La trilogie 2018-2019-2020 est déjà d’un excellent niveau, 2021 marquera le tournant avec des cabernets francs à parfaite maturité, récoltés plus tard que d’habitude entre le 18 et le 20 octobre. C’est également l’année des premiers essais de vinification en amphores et en globes. Ferrand produit 170-180 000 bouteilles par an (40 – 45 € pour la cuvée Château, 20-25€ pour le second vin Le Différent) qui portent la silhouette de la bâtisse stylisée et les armes de la famille Bich originaire du Val d’Aoste.
L’art à tous les étages
Autre changement de cap, une orientation œnotouristique plus marquée avec l’arrivée il y a un an et demi d’Alix Dufour, la nièce de Pauline. Car Ferrand est avant tout une histoire de famille. Ce château du début du XVIIIe avait été acheté en 1978 par Marcel Bich, inventeur du stylo bille, pour y accueillir proches et amis. C’était à l’époque l’un des rares domaines viticoles qui avaient été acquis par un industriel. Après la disparition du baron en 1994, il est racheté par les quatre filles. Philippe Chandon-Moët qui a épousé l’une des filles de la fratrie de 11 décide d’en faire un projet de vie et le couple préside désormais aux destinées de la propriété. « Pour un champenois comme moi, l’art de vivre et la réception au château sont fondamentaux » précise-t-il. Ils y installent une collection d’art permanente et confient aux designers Patrick Jouin et Sanjit Manku les intérieurs et la mobilier pour retranscrire l’ADN de la famille. Ils commanditent en 2022 une fresque géante pour la salle de dégustation réalisée au stylo bic par l’artiste Alexandre Doucin (7 mois de travail et 8 stylos cristal). « Il existait déjà une collection d’art installée dans les trois chambres d’hôtes, le salon et la salle à manger mais la famille a également acquis plus de 200 œuvres récupérées dans le monde entier » précise Alix. Certaines ont été exposées en 2018 au Centquatre, lieu de culture populaire à Paris, d’autres sont dans les bureaux du groupe à Clichy. Une exposition temporaire d’art brut a été organisée cet été dans le chai avec le Musée de la Création franche de Bègles qui a prêté une trentaine d’œuvres. « Nous voulons faire rayonner Ferrand d’une autre manière pour renouveler notre visitorat, explique la jeune femme. Nous accueillons déjà 3000 visiteurs par an ainsi que des scolaires et des associations. Notre collection et nos liens avec le musée de Bègles ont imposé l’art naturellement pour porter l’âme des lieux ». L’œnotourisme pourrait encore s’étendre à d’autres espaces du château comme les chais, le parc classé ou le bois de chênes centenaires, à découvrir lors des balades du vignoble ou d’un séjour au château avec cheffe privée et sommelier pour concocter des accords mets-vins (visite privée avec atelier assemblage à partir de 75€).
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