Un trésor romain enfoui à l’origine d’un projet oenotouristique

Fabrice Reynaud et son frère Philippe sont tombés presque par hasard, dans leur maison familiale, sur une archive mentionnant la découverte de 930 deniers républicains romains. Si ce trésor s’est depuis évaporé, la famille Reynaud a souhaité rendre hommage à cet héritage séculier et rappeler une certaine filiation avec ce passé romain et viticole de plus de mille ans. 

Château des Places, une soixantaine d’hectares et des vins blancs et rouges multiplement récompensés, n’a bien entendu pas attendu cet épisode pour développer une offre oenotouristique déjà dense, entre soirée festive-musicale, visite-découverte et balade en jeep et méhari dans le vignoble mais l’aubaine était trop belle pour dire l’ancrage bien réel de ces deux vignerons dans une des régions viticoles originelles du bordelais.  En 1859, 930 rarissimes deniers républicains contenus dans un vase d’argile furent découverts sur le lieu-dit Les Places. La trouvaille fut achetée en totalité par le duc de Luynes en 1860, pour disparaitre à jamais. On pense que le butin, composé de pièces fraichement frappées, aurait été enterré en 49 avant JC. Quelques documents attestent également de la présence sur ce même lieu-dit Les Places d’une villa romaine. S’il n’en reste plus rien, il n’en fallait pas plus aux Reynaud pour plonger dans les interstices de la Grande Histoire et imaginer un épisode de la vie d’un marchand de vin installé en bordure de Garonne sur des terres viticoles désormais en AOP Graves.

Renius
Les vignerons d’Arbanats ont ainsi souhaité rendre hommage à une histoire, à ce romain inconnu, vigneron ou marchand de vins. Un personnage tombé dans les limbes de la grande Histoire, qu’ils ont décidé de nommer Renius et qui donne désormais son nom à une cuvée haut de gamme. Renius est une sélection des plus belles grappes et parcelles. Tout est vendangé à la main et vinifié en fût de chêne de 400 litres. Le nez convoque des arômes de fruits noirs, subtilement réhaussées par des notes torréfiées. En bouche le vin est profond et enrobant mais reste toujours souple et frais. Une certaine vision d’un bordeaux immuable et racé.

Trésor de circulation marchande ou thésaurisation ? Les hypothèses restent multiples et l’Histoire n’a pas encore permis de trancher. Laissant libre cours à leur imagination, Fabrice et Philippe ont imaginé ceci : « A l’arrivée des pillards le marchand Renius avait hâtivement enfoui son « trésor », non loin de la villa. Le poids trop grand de l’amphore avait contraint le negotiator, en fuite, à laisser les neuf cent trente deniers dans la cachette. Lui et sa famille voguaient désormais vers des contrées plus sûres. Il fallait parer au plus pressé et rejoindre un peu plus haut sur le fleuve un convoi militaire romain qui descendrait avec eux vers un port méditerranéen romain. La route serait longue et plus long encore, se dit-il, le temps qu’il lui faudrait pour revenir à Arbennius. »